Retour sur l’image: visite du Secrétaire d’État américain au Togo: Ce qu’il faut retenir

by mtn on January 31, 2012

Beaucoup d’écrits et de déclarations ont essayé de commenter et de décrypter  la visite éclaire (faute de temps) de Mme Hilary Clinton au Togo, la première visite de haut rang, d’un Secrétaire d’État américain.

Chacun est allé de son pinceau, du plus superficiel au plus hasardeux pour amuser la galerie. Aucune analyse sérieuse, aucun décryptage de fond, aucune leçon du « réal politik » à tirer; on assiste plutôt à des déclarations intempestives et démagogiques sans réelle portée politique et stratégique. On s’adonne comme à l’accoutumée à la politique du vent.

Le retour sur l’image de la << présentation >> de Gil christ Olympio à Mme Hilary Clinton par Faure Gnassingbé devrait  éveiller notre sens politique et nous éviter de tomber dans le piège du RPT dont la photo est  préalablement passée au labo  de ses experts en communication pour véhiculer un message politique fort et précis. Nous devons éviter d’être les relais des manipulateurs politiques du RPT  pour nous concentrer sur le décryptage de fond.

Le premier constat  de cette  visite éclaire, limitée à Faure Gnassingbé et à Gilchrist Olympio pose moins le problème du mépris de l’administration américaine à << l’aspiration  profonde et  légitime  des populations  togolaises à la démocratie et l’état de droit>>  que l’échec diplomatique du FRAC  à donner de la voie et à relayer la volonté de changement et de l’alternance au Togo auprès de la communauté internationale.  Koffi Yamgnane, le représentant du FRAC à l’international, pour le moins qu’on puisse dire,  n’a tout simplement pas fait son travail et ne le ferra pas. Il poursuit son propre agenda politique et ses propres ambitions.

Au delà de l’inaction et de l’ineffectivité du  lobbying politique du FRAC à l’international,  les  raisons profondes du peu de considération accordée aux dirigeants  du FRAC et de l’ANC sont d’ordre historique,  diplomatique, politique et économique et stratégique.

Raison historique :

Le rôle que l’ambassadeur des États-Unis a joué  en 1963 dans l’assassinat de Sylvanus Olympio est resté flou jusqu’à ce jour. Les dossiers  d’État  américain, top secrets sur le Togo  qui devraient être déclassés  40 ans après les évènements tragiques ne le sont toujours pas.  Il est manifestement évident que les USA applaudissent des deux mains l’accord historique intervenu le 26 mai 2010 entre Gilchrist  Olympio, fils de Sylvanus Olympio, et Faure Gnassingbé, fils de l’assassin présumé du  père de l’indépendance du Togo. Les USA sortent  ainsi d’affaire et d’embarras. La mémoire diplomatique n’est donc  pas courte. Comme l’a  si  bien dit un ami, professeur  d’économie  dans une université américaine, la guerre ouverte entre Eyadema Gnassingbé  et Gilchrist Olympio, a servit des intérêts;  la réconciliation entre Gilchrist Olympio  et  Faure  Gnassingbé sert aussi inévitablement  d’autres intérêts.

Raison diplomatique

L’une des conséquences de l’accord  historique du 26 mai 2010 est la nomination au poste de ministre des Affaires étrangères du Togo,  d’Éliot Ohin, un inconditionnel de Gilchrist Olympio.  Ce monsieur lugubre passe l’essentiel de son temps  au frais du contribuable togolais à peindre à l’international  dans les coulisses diplomatiques , ses anciens camarades de lutte, aujourd’hui  responsables de l’ANC , comme  des extrémistes , des radicaux, des rebelles , des putschistes  qui sabotent la politique de réconciliation nationale  de l’UFC et de son chef, chère aux occidentaux  . L’UFC par l’activisme diplomatique d’OHIN, mène contre l’ANC, une campagne  revancharde féroce  de dénigrement  diplomatique qui prend la forme d’un entonnoir de plomb qui neutralise  la portée  et la résonnance  à l’international de la résistance du Peuple togolais sous la courageuse organisation de l’ANC et du FRAC. La contre offensive  diplomatique vigoureuse de l’ANC bat de l’aile et a de la difficulté à sortir des sentiers battus. Remarquez  qu’aucune personnalité de renom internationale n’a pas encore endossé du moins officiellement  la résistance du Peuple  togolais depuis février 2010. Même le capitaine Jerry Rawlings, ancien président du Ghana,  est passé à la trappe de l’offensive de réseautage de l’UFC. Dans ces conditions, il claire que la dynamique  diplomatique  qui gagne du terrain est malheureusement  celle  du tandem  RPT/AGO. Mme Hilary Clinton ne peut que demander à FAURE  d’« ATTIRER LES VOIX DISCORDANTES ». C’est la dure réalité de la « Real Politik»

Raison politique

Tout d’abord,  il  est très difficile de parer au discours politique de  dialogue, de paix et  de réconciliation même si cela répond à une stratégie de fumisterie de la part du tandem  RPT/AGO, au risque de paraître comme des extrémistes. La seule voie réaliste de sortie d’un conflit sans l’usage de la force est le  dialogue surtout si le rapport de force est en sa défaveur.

Ensuite, l’accord du 26 mai prend son caractère historique aux yeux des  officines occidentales, car sa portée dépasserait  le cadre des contestations des élections présidentielle de 2010 et réconcilierait du moins apparemment deux  représentants  légitimes,  historiquement et politiquement parlant de  deux courants historiques  antagonistes qui se sont âprement battus  depuis les  années 40 et qui forgèrent  au forceps l’Histoire du Togo : les nationalistes  (le CUT et plus tard l’UFC et les partis d’opposition à partir des années 90 ) dont le représentant emblématique est Gilchrist Olympio  et les antinationalistes : Le PTP, l’UPCN , rejoints  plus tard par la JUVENTO après l’assassinat  de Sylvanus Olympio. Ce courant  sous la roulotte de la France prend la forme d’un creuset national, le RPT,   avec  à la clé une dictature sanglante  sous Eyadema qui  décima la majorité des nationalistes. Faure Gnassingbé, le fils du dictateur Eyadema   est le symbole et l’héritier de ce courant  maléfique. Les occidentaux veulent  faire sonner  l’accord du 26 mai dans leurs oreilles  comme une paix historique des braves, de la grosse hypocrisie bien sûr.

Enfin, accorder un quelque crédit aux «  voix discordantes»  serait remettre en cause la légitimité de Faure Gnassingbé dont tout le monde sait qu’il n’a pas gagné les élections présidentielles de 2010 mais que la France veut maintenir coûte que coûte à la tête du Togo par l’entremise de l’Armée togolaise.

Raison économique et stratégique

« Les États-Unis seront un bon partenaire du Togo » Hilary Clinton

D’un coté, la prétention de Faure Gnassingbé  et de Gilchrist Olympio est de proclamer la fin de l’histoire de la lutte du Peuple togolais pour la liberté et l’indépendance pour mieux s’accaparer des destinés du Togo au nom d’un hypothétique programme  développement. Ils ont besoin  donc des partenaires économiques pour leur business lucratif.

 De l’autre coté, le Togo devient stratégique pour les États –Unis  pour contrer la route de la drogue  dont Lomé est devenu la plaque tournante, et  traquer le  terrorisme international. La base militaire américaine étant en gestation dans la région,  il faudra s’assurer  du soutien d’éventuels alliés. Aussi le soutien du Togo au Conseil de Sécurité à l’ONU, lors de son mandat de deux ans de membre non permanent  serait très utile aux USA. Ce n’est pas donc le moment de froisser la susceptibilité d’un protégé fiston dans la zone d’influence de la France  en s’accoquinant avec les « Voix discordantes  ».

Il apparait à la lumière des éléments de décryptage, que de bonnes leçons méritent d’être retenues  lors de la visite éclaire de Mme Hilary Clinton au Togo

1-L’accord du 26 mai  2010, décrié par le Peuple togolais et l’opposition dans son ensemble est bel et bien entériné par les puissances occidentales notamment les USA et la France.

2-L’UFC à travers Gilchrist Olympio   et son zélote  Eliot Ohlin mènent un combat violent  et très sournois   qui cloue au pilori l’ANC et le FRAC  au niveau international et diplomatique. Cette guerre fratricide profite énormément au RPT et amenuise les chances du Peuple togolais de réaliser l’alternance et le changement au Togo. L’alternance semble avoir  encore de bonnes années devant elle.

3-Le FRAC  doit revoir sa copie, sa stratégie, et savoir confier des responsabilités avec obligation de résultats à tous ses représentants.  Le FRAC  doit adapter les éléments de langage et éviter de lutter contre les intérêts de la première puissance mondiale. Le FRAC doit initier une vraie offensive diplomatique d’envergure pour contrer la haine de nuisance  féroce  qui sous-tend  la politique diplomatique de l’UFC.

4-Le FRAC et l’ANC doivent préparer sérieusement les élections législatives, obtenir auprès de la communauté internationales des garanties minimales pour limiter les fraudes massives en perspective  que  le gouvernement    RPT/AGO  prépare activement pour se maintenir aux affaires.

5-La  diaspora doit cesser d’être  des spectateurs médusés pour devenir plus proactive en supportant financièrement la dynamique de résistance héroïque du Peuple togolais  et relayer  l’écho de la lutte dans leur pays de résidence .

6-Utiliser les  leviers parlementaires et gouvernementaux après avoir gagner les élections législatives de 2012  pour établir un nouveau rapport de force en vue de préparer l’alternance  sous les thèmes porteurs de réconciliation, de pardon , de paix ,  de justice sociale de reconstruction  et de développement qui séduisent apparemment si bien  la communauté internationale.

L a dynamique incantatoire doit faire place au réalisme et  au pragmatique  politiques qui tiennent  compte de la stratégie de nos adversaires et de la géopolitique internationale.

Unis pour la même cause, la lutte continue !

Che Alphonse Lawson-Hellu

Canada

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