Interviews
Lawson-Hellu Alphonse ancien président du Conseil des Etudiants de l’Université du Bénin (CEUB), devenu aujourd’hui après une reforme en 2001 Université de Lomé. M. Lawson a accordé une interview à la rédaction du mo5-togo.com dans laquelle il passe en revue l’actualité politique de ces derniers temps. Il a remercié les pères fondateurs du CEUB et les étudiants pour leur mobilisation pour avoir résisté à la répression. M. Lawson est revenu sur sa participation à campagne présidentielle du 04 mars 2010 en tant que membre de la commission de communication de la campagne présidentielle et de la commission informatique du FRAC . Il évoque l’expérience qu’il en a tirée, invite la jeunesse togolaise à saisir sa chance et à prendre en main son destin, regrette de la division de la diaspora, trouve que le moment choisi par Gilchrist Olympio pour s’allier au RPT est un mauvais tempo. Enfin il a rappelé que l’armée n’est pas le problème mais partie des problèmes du Togo.
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Mo5-togo.com : Monsieur LAWSON bonjour, vous êtes l’une des références de la jeunesse togolaise surtout celle estudiantine. Vous êtes un ancien président du CEUB. C’est vous qui avez pris l’initiative de sortir cette organisation à la place publique pour donner la parole aux étudiants. Qu’avez- vous ressenti lorsque Eyadema avait décapité complètement ce mouvement ?
Lawson-Hellu : Je voudrais tout d’abord remercier le Mo5, notre organisation, pour l’opportunité qui m’a été offerte de m’exprimer sur le plateau de son site internet. Ensuite, saluer le travail phénoménal d’information et de formation que l’organisation abat chaque jour pour garder le flambeau de la lutte allumée. Enfin pour revenir à votre question, je dois d’entrée de jeu affirmer que la réussite du CEUB est le fruit d’un travail méthodique d’équipe de délégués des écoles et facultés de l’université de Lomé et de la mobilisation sans précédent de l’ensemble du corps étudiant déterminé à lutter pour l’amélioration de leurs conditions de travail et d’étude. L’initiative de rendre au CEUB, ses lettres de noblesse en le transformant en une organisation estudiantine puissante de conquête de liberté et de justice sociale n’a été possible que grâce au travail de mes prédécesseurs à qui je tiens à rendre un hommage mérité. Je pense entre autre à Koudoh Vincent, Antoine Kofi Nadjombé, Moussa Issifou, Aka Kodjo Frédéric et plus particulièrement à Sanny Akobi que j’appelle affectueusement doyen.
Lors de ma présidence, le CEUB a atteint une capacité de mobilisation et d’action qui faisait trembler le Gal Eyadéma. Lorsque nous prenions la rue lors de nos mouvements de protestation, le cortège d’Éyadéma changeait de direction face à la densité de la foule. Il a cherché dans un premier temps à négocier avec nous en nous invitant à le rencontrer à trois reprises. Face à l’échec de ces négociations et surtout notre détermination à défendre avec honneur et dignité la cause estudiantine, le président défunt a opté pour la voie de la répression. J’ai été incarcéré à la prison civile de Lomé en compagnie de 5 de mes collaborateurs (Charles Lorimpo Lamboni , Karimou Sourajou Babatoundé, Akakpo Justin et Komi Segbeaya).Nous avions eu la vie sauve que grâce à la mobilisation sans précédent de la population et particulièrement les étudiants et les élèves des lycées et collèges. Nous avions été condamnés à15 mois d’emprisonnement avec sursis. À notre libération de prison, contre toute attente, nous avions réaffirmé notre foi confiance dans la lutte et dans les principes et valeurs qui guidaient notre action. Nous avions été plus déterminés que jamais. Menaces de mort, tentative d’assassinat, second mandat d’arrêt…etc ont jalonnés notre parcours mais n’ont pas eu raison de notre détermination.
Il était évident que le régime de dictature voudrait décapiter le mouvement car le CEUB n’était plus un simple mouvement étudiant de revendication corporative. Il est devenu une organisation solide qui présentait des enjeux politiques et sociaux importants. Le régime du dictateur défunt a saisi le moment de la fin de mon mandat et de mon départ pour semer la division ( Divide et impera ) au sein du mouvement en vue de l’affaiblir. La succession a été rendue difficile et les exigences du poste étaient élevées. Je salue ici le courage de Lamboni Lorimpo et de son équipe ainsi que les équipes successives à la tête du CEUB qui ont essayé de donner le meilleur d’eux –mêmes au prix de milles sacrifices. Je souligne particulièrement le sacrifice de Kpelafia Koumoyi , d’Hanif Tchadjobo qui ont passé prêt de trois(3) mois à la prison civile de Lomé par rapport aux activités du CEUB et tous les autres notamment Kpodar Folly Gbetey, qui n’ ont ménagé aucun effort pour défendre la cause de l’étudiant togolais.
Je retiens de cette épopée, moins la volonté violente d’Éyadéma de décapiter le mouvement estudiantin que la détermination et la bravoure des camarades étudiants à y résister. De cette résistance est née une génération de jeunes Togolais et Togolaises formée et capable d’assurer la relève politique future du Togo.
Mo5-togo.com : Pendant votre présidence du CEUB, vous avez rencontré certains leaders politiques et syndicaux pour solliciter auprès d’eux leur soutien politique et moral. Parmi ceux que vous avez côtoyés y a t-il certains que vous avez appréciés et qui vous inspirent ?
Lawson-Hellu : Le CEUB, en un moment donné, a pris des proportions extraordinaires à l’instar de la FESCI en Côte D’Ivoire avec laquelle nous avions des contacts à l’époque. Rappelez –vous de la déclaration hallucinante de Gal Walla, ministre de l’intérieur, à la télévision nationale (T.V.T) m’accusant de fomenter un coup d’État contre le régime d’Éyadéma avec la complicité extérieure de Guillaume Soro, ancien président de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) , actuel Premier ministre de Côte d’Ivoire et Robert Ménard , l’ex responsable de Reporter Sans Frontière. Je reviendrai un jour sur les détails de cette affaire dans un bouquin.
Les leaders politiques togolais ont très vite pris la mesure des choses et nous ont ouverts leurs portes. Bien que nous tenions à notre indépendance, nous avions eu une collaboration fructueuse avec plus d’un. Nous avions été beaucoup marqués par le Professeur Gnininvi, un humaniste, homme de conviction, de franchise et d’action, pragmatique et méthodique. Nous avions très vite fraternisé avec Jean-Pierre Fabre, son énergie, son courage, sa franchise, ses convictions et sa fougue de jeunesse nous ont toujours séduits. Nous constatons aujourd’hui que nous ne nous sommes pas trompés sur sa personne. En un moment donné de notre collaboration, il fallait prendre d’importantes décisions pour passer à l’action. …
J’ai encore en mémoire l’expédition secrète que Fabre a organisée avec Patrick Lawson pour nous amener à rencontrer Mr Gil Christ Olympio à Accra Au Ghana. Replaçons les choses dans leur contexte historique. C’était émouvant et pathétique d’avoir une séance de travail avec le fils du père de l’indépendance, l’opposant charismatique et historique au régime despotique d’Éyadema. Même si au sortir de cette rencontre mémorable, nous étions en désaccord avec lui sur le fond de la stratégie avec laquelle nous devions mener le combat sur le terrain, peut-être une prémonition, nous avions gardé quand même une bonne impression de l’homme.
En dehors de ces figures marquantes de la vie politique, je ne saurais passer sous silence Claude Améganvi et Norbert Gbikpi Benissan. Le premier est un organisateur de manif sans pareil, un vrai bosseur, un homme de talent et un touche à tout : des pancartes de manifestation jusqu’au journal. Le second est l’un des plus grands syndicalistes que le Togo ait connu. Un homme de culture avec une maîtrise parfaite de la rhétorique dialectique. Un vrai patriote. À un moment donné de la lutte, nous avions réalisé une union sacrée avec la fédération des syndicats d’enseignants pour galvaniser la lutte sur le plan national. Le mouvement de grève générale et les marches de protestation qui en ont suivi ont coûté la prison aux deux responsables syndicaux Norbert Gbipki Benissan et Allagah Odegui (paix à son âme) secrétaires généraux de la FETRAN/USIT. Déjà sous le coup d’une condamnation de 15 mois d’emprisonnement avec sursis, j’ai eu la baraka d’échapper à ce deuxième mandat d’arrêt, puisque le document servant de prétexte à leur incarcération portait aussi ma signature.
Je n’oublierai pas Me Yawovi Agboyibor, le bélier de Kouvé qui a fait rêver les Togolais en un moment donné. Sa connaissance et sa pratique du droit, doublée de son engagement pour un Togo démocratique nous ont positivement marqués.
En ma qualité de leader étudiant, j’ai eu la chance de côtoyer beaucoup d’hommes politiques togolais d’horizons divers et quelques figures du monde militaire et de la gendarmerie.
J’ai beaucoup appris du sérail politique, approfondi ma connaissance des tenants et aboutissants du dossier togolais. Je préfère m’appesantir sur la qualité des hommes qui m’ont inspiré que de retenir leurs erreurs et leur faiblesse. De toute façon, nous devons apprendre de leurs erreurs pour être mieux qu’eux à l’heure de la relève. Celle-ci sonne déjà à tout point de vue.
Mo5-togo.com : Avant d’aller au Togo, vous aviez déjà en avril 2009 effectué un voyage en France à Lyon. Pouvez-vous nous dire en quoi a constitué ce voyage ? Et qui avez-vous rencontré ? Etes-vous entrain de préparer la relève ?
Lawson-Héllu : J’ai été invité par le Collectif des Togolais de Rhône–Alpes (CTRA) pour animer une conférence sur le Togo dans le cadre des festivités devant marquer le 49 e anniversaire de l’indépendance du Togo. J’ai partagé le panel avec le professeur Aimé Gogué. J’ai proposé aux Togolais de Lyon les grands axes de mes réflexions sur le TOGO que j’ai consignées dans un document intitulé : Togo Nouveau. Face à l’échec cuisant des 50 ans d’indépendance des pays africains en général et le Togo en particulier, il s’agit de proposer un nouveau paradigme de refondation de l’État et de la nation togolaise qui procède d’une pensée nouvelle basée sur un idéal théorico-pratique raisonnable. Les éléments conceptuels de cet idéal doivent fonder en raison l’impératif moral, s’orienter vers le modernisme humanisant et s’enraciner dans un discours argumenté et rationnel qui recherche le consensus dans < l’agir communicationnel>, un dialogue démocratique fécond.
Piloter le changement, c’est d’abord et avant tout la réforme du système dominant de pensées. Le doute axiologique est un puissant vecteur de ma démarche. J’ai prédis et encouragé la montée en force de la jeune génération avec en relief, le flambeau de la déconstruction pour mettre fin aux illusions, aux utopies avortées, aux prestidigitations, aux mensonges et autres fétichismes pour mieux jeter les fondements objectifs et critiques < d’un nouveau contrat social > en vue de libérer l’avenir.
Le Togo nation doit se réinventer, se refonder dans la redéfinition des modalités de son vivre ensemble (solidarité, liberté et égalité) et dans les schèmes de sa culture riche et diversifiée au sens de dégager une résultante identitaire, historique et patrimoniale dont la navette véhiculaire serait propulsée par l’appropriation de notre propre langue. Son rapport à l’avenir s’appuierait beaucoup moins sur l’espérance que sur la volonté, c’est-à-dire un < gai désespoir> selon le mot de André-Compte Sponville à l’instar du < gai savoir > de Nietzche. La nation togolaise retrouverait ainsi ses repères et cristalliserait ses forces et croyances dans ses propres codes, sa mythologie, sa propre symbolique et ses héros. C’est la condition sine qua none du capital social revisité sur lequel nous pouvons assoir une idée nationale en vue de relever le défi collectif de réaliser de grand-chose ensemble notamment le développement et le bien-être de la nation togolaise. La question de développement doit être abordée dans une perspective holiste, en intégrant le cadre des ‘grands blocs’ du continent (selon l’expression de Cheick Anta Diop); et en dissolvant les limites artificielles héritées de la colonisation imposées au peuple africain dont le but est de le maintenir sous les verrous de la domination et de l’exploitation ad vitam æternam.
Le débat et les échanges ont été très fructueux. Il faut rappeler que la ville de Lyon a cette particularité d’abriter des grands noms qui marqué le mouvement étudiant des années 90.D’autres de l’Europe et du Canada nous ont rejoints. Nous avons profité pour nous réunir en conclave. Et sur proposition de Tanti kpodar, femme de courage et de détermination, activiste de première heure du mouvement étudiant; une équipe élargie de travail s’est formée autour du document TOGO nouveau pour l’approfondir et l’enrichir. De ces travaux, est né un mouvement dénommé : Mouvement pour un TOGO Nouveau (MTN) dont l’objectif est de proposer une alternative crédible pour le Togo et les Togolais. Rappelons que le MTN s’est battu sur le terrain aux cotés de Jean-Pierre Fabres, du FRAC-UFC et avec le peuple togolais pour l’alternance démocratique lors de la campagne présidentielle du 04 mars 2010.Ses membres fondateurs sont très actifs dans la diaspora et certains représentent le FRAC au Canada et aux USA. Le mouvement de relève se met donc progressivement en place comme vous pouvez le constatez.
Mo5-togo.com : Lors de l’élection présidentielle du 04 mars 2010, vous avez effectué un voyage au Togo où vous avez pris part à la campagne au côté du FRAC. Vous qui avez pris part à toutes les étapes de cette campagne et observé
la ferveur et l’enthousiasme des populations. Etes-vous surpris des résultats qui donnent Faure vainqueur avec 60,88% de voix devant Jean-Pierre Fabre ?
Lawson-Hellu : Vous savez que dès le lendemain de mon retour au Togo, après 10 ans d’exil, j’ai eu un tête à tête avec Jean-Pierre Fabre. A la suite de notre rencontre, il m’a fait l’honneur de m’intégrer dans la commission de communication de la campagne présidentielle du FRAC sous la roulette d’Éric Dupuis, un grand combattant et un bosseur. Je me suis mis au travail et embarqué avec le cortège de campagne et nous avons fait le tour du Togo, parcouru les coins et recoins de la Terre de nos Ailleurs. Cinkassé, Dapaong, Guéré Kounka ,Manga, Mango, Nano, Sokodé , Bafilo, Bassar, Kanté, Niamtougou, Kara, Sotoboua, Anié, Atakpamé, Kpalime, Agou, Badou, ,Danyi, Agou , Tsévié, Vogan , Aného , Anfoin , Aklakou, Tabligbo, Lomé…. La liste est longue. J’ai été sidéré partout où nous sommes passés par l’enthousiasme, la joie, et l’accueil chaleureux et militant réservé à Jean-Pierre Fabre et à la délégation du FRAC. Le rejet et le ras le bol des populations pour le régime Eyadema père et fils est total. C’est tout simplement phénoménal. Nous avons vu des scènes indescriptibles d’adhésion au changement ; le détia, symbole mythique du changement et de l’UFC, a été agité partout, même dans les coins les plus reculés du pays. Lors de la traversée des villages, je voyais des femmes, des hommes, des personées âgées et des enfants sortir spontanément agiter le palmier ou des les signes de changement. Le cortège se voit parfois bloquer pour forcer Jean-Pierre à descendre pour dire un mot. Lorsque ce dernier levait le bras en signe de victoire, la foule devenait frénétique. C’était hallucinant !
Cet enthousiasme de joie et d’espoir contraste éperdument avec la misère et la déconfiture avancée du pays : infrastructure inexistante, réseau routier dans un état de délabrement avancé, des trous béants font le lit des routes poussiéreuses où des pans de goudrons ont disparus depuis belles lurettes. Manque cruelle d’eau, d’électricité, de structures sanitaires et d’hygiènes. Les écoles s’abritent sous des hangars couverts de pailles sans bancs ni tables. J’ai eu l’impression que depuis le départ officiel des colons, il y’a une cinquantaine d’années, le pays est laissé à l’abandon. Tellement le panorama est chaotique. Le comble du malheur est de voir aux coins des rues calamiteuses, des enseignes luxueuses, lumineuses montrant fièrement les posters géants de Faure Gnassingbe arborant des slogans grotesques qui le désignent comme l’homme providentiel, l’homme nouveau, la force de l’avenir. Vous conviendrez avec moi que les Togolais ne sont pas dupes pour mordre à l’appât de celui qui veut se distancier de l’héritage politique de son père et des vestiges du parti inique, le RPT et se présenter sous l’image de l’homme nouveau.
Il est donc évident que face à l’état chaotique et misérable du pays , la tentative de communication politique de ravalement de façade à coup des centaines de millions du contribuable togolais qui présente Faure Gnassingbé sous le signe de l’homme nouveau et providentiel au cours de la campagne présidentielle ne pouvait convaincre les Togolais de voter majoritairement pour lui.
Après le vote le 4 mars 2010, j’ai rejoins de part mes compétences, la commission d’informatique du FRAC basée à Tokoin Césale qui est sensée traiter les données du vote du FRAC. Les données des procès verbaux provenant des bureaux de vote, me permettent de rejeter en bloc les chiffres fallacieux et préfabriqués donnant Faure vainqueur avec 60,88%. J’affirme sur les bases des chiffres authentiques de la commission informatique que Jean –Pierre Fabre a recueilli une moyenne qui se situe entre 75 et 80% des voix. Il a donc remporté haut les mains l’élection présidentielle du 04 mars.
J’avoue qu’il a eu des anomalies graves dans certaines préfectures. Par exemple dans certains bureaux de vote notamment dans la préfecture de la Kozah, on a relevé dans un bureau de vote 500 inscrits pour 900 votants. Le logiciel ne pouvait pas prendre en comptes ces données. Par ailleurs à Blitta, EPP Centrale, les délégués de l’UFC ont été chassés ensemble avec les observateurs des bureaux de vote. Nous avons également relevé, un vote massif de mineurs, tout comme un nombre anormalement élevé de votes par procuration. Nous étions entrain d’analyser et de traiter les cas litigieux quand les éléments de Yark ont encerclés les lieux, arrêté les collègues de la commission et emporté les ordinateurs et tout le matériel. J’ai dû prendre les dispositions nécessaires pour passer dans les mailles du filet et sauver ce que nous pouvions sauver grâce à DIEU.
Ce débarquement policier brutal et illégal est la troisième preuve qui vient compléter à suffisance celles déjà développées qui établissent clairement que Faure n’a pas gagné les élections présidentielles du 4 mars.
Faure Eyadema est conscient qu’il n’a pas gagné les élections du 04 mars 2010. Il sait mieux que quiconque qu’il ne mérite nullement son poste et qu’il se maintient au pouvoir par la fraude, le mensonge, la violence et le viol systématique de la constitution, des lois et des institutions qui régissent le pays. Rappelez –vous les conditions rocambolesques, odieuses et iniques dans lesquelles il s’est accaparé du pouvoir à la mort de son père, Eyadema Gnassingbé, l’un des dernières espèces de dictateurs les plus féroces que l’Afrique dite indépendante ait connues. Faure Eyadema est le fils de son père. Triple coup d’État : constitutionnel, militaire et législatif. Face la résistance héroïque du peuple togolais, il n’hésita pas à marcher sur leurs corps (plus de 500 selon l’ONU, plus de 1000 selon les organisations des droits de l’homme) et à naviguer dans leur sang pour s’accaparer du pouvoir. Un tel personnage ne peut jamais se plier au verdict des urnes. Sa conception du pouvoir n’est ni théocratique, ni démocratique, encore moins oligarchique. Elle est eyadémanique c’est à un legs d’Eyadema, une propriété privée de celui-ci à lui transmise. La légitimité du pouvoir, il la tient d’Eyadema. Par conséquent, il n’a de compte constitutionnel, ni institutionnel, ni législatif, ni comptable à rendre aux Togolais. L’Éyadémanie est un pouvoir despotique d’Eyadema pour Eyadema et par Eyadema (père, fils ou petit-fils…) avec le concours militaire et civil des réseaux mafieux en vue de siphonner à fond les ressources du Togo, devenu par ailleurs terre prébendière et expérimentale, où les Togolais sont tenus en laisse par la servitude, le déni du droit et la misère. Seule la force d’une révolte révolutionnaire implacable peut mettre fin à l’Éyadémanie et libérer le peuple togolais. Il nous appartient de nous organiser en conséquence.
Mo5-togo.com : Vous qui avez assisté à tous les meetings de campagne du Frac, selon vous les responsables du Frac ont-ils tenu, après la proclamation des résultats, leur promesse d’arracher le pouvoir au cas où le régime en place fraudait ?
Lawson-Hellu : Je crois qu’il faut féliciter les dirigeants du FRAC.L’irruption imprévisible du FRAC a mis à mal le plan diabolique de la mise en commun des intérêts de nos vieux politicards avec Faure Gnassingbé dans un mariage incestueux. L’élection du 4 mars devait servir de parodie, de ‘ cache sexe malodorant’ selon l’expression d’Apédoh Amah pour cacher le plan machiavélique orchestré contre le peuple togolais en lutte pour sa libération.
La composition du FRAC est une équipe de rêve qui a défié les vieux préjugés et mensonges sur lesquels le RPT a établi son fonds de commerce politique.
Le FRAC a réussi une remobilisation incroyable de la population qui avait perdu confiance en ses leaders politiques à cause des turpitudes et les trahisons de ces derniers.
Le FRAC a réussi la transition entre la vielle garde de leaders les prétendants au nouveau leadership de l’opposition. Au-delà du leadership, c’est toute la méthodologie de lutte qui est entrain d’être repensée.
Le FRAC a réussi à guérir la population des traumatismes de 2005 en donnant encore envie de rêver et d’espérer. N’oubliez pas que Faure et ses hommes armées ont violé, tué, blessé, traumatisé et envoyé en exil des milliers de nos compatriotes. Le but était d’imposer Faure comme le président à vie du Togo, mais aussi de tuer dans l’âme des Togolais toute velléité de contestation et de lutte politique. Il est donc évident que le FRAC et son président élu Jean Pierre Fabre ont mis en échec le plan destructeur et diabolique d’asservissement du peuple togolais.
Le FRAC démontre chaque samedi que Faure Gnassingbé ne dispose d’aucune légitimité.
Le monde entier sait que le peuple togolais est remobilisé pour l’alternance et la démocratie grâce à Jean-Pierre Fabre ; Patrick Lawson, le métronome et l’organisateur ; Akila Esso BOKO; Kofi Yamgnane; Aimé Gogué ; Dahokou Péré ; Abi Tchessa et à tous les acteurs de la campagne du FRAC-UFC.
Cette première étape qui est absolument nécessaire est la première partie d’une stratégie de conquête du pouvoir, bien huilée à trois niveaux.
Mo5-togo.com : Croyez-vous que les leaders du Frac ont quelque chose de sérieux à proposer à la population à part les marches des samedis ?
Lawson-Hellu : Soyons patients et soutenons le FRAC qui va bientôt déclencher la deuxième phase qui la plus décisive. Cette deuxième phase commande aux leaders du FRAC de rester disciplinés et surtout de ne pas confondre la lutte du peuple togolais avec l’agenda de leur propre ambition personnelle. Toute divagation ou erreur de ce genre les ferrait subir le même sort que les vieux lions qui confondent gencives et dents et qui non seulement refusent leur retraite politique mais surtout veulent ramener la lutte d’un peuple à leur espérance de vie en oubliant que ‘les hommes passent, le pays reste’.
Mo5-togo.com : Après tout ce sacrifice que vous avez consenti et après votre retour au Canada, pourquoi les responsables du Frac ne vous ont pas désigné comme Représentant du Frac en Amérique du Nord ?
Lawson-Hellu : On pourrait logiquement interroger les critères de choix des représentants du FRAC à l’extérieur mais vous savez je suis un homme d’action et de terrain. Je n’aime pas m’affubler de titre. Je suis descendu au Togo malgré les conditions d’insécurité pour me battre aux cotés du peuple togolais pour l’alternance et appuyer la jeune garde incarnée par le charismatique patriote Jean-Pierre Fabre. Je me bats pour mon pays et je ne demande aucune reconnaissance. Mon séjour au TOGO a été une très bonne expérience formatrice qui m’a permis de mieux m’imprégner de visu de la triste réalité de mon pays. L’éloignement peut parfois influencer votre grille d’analyse et d’appréciation des réalités socio politiques et in fine les stratégies méthodologiques de lutte. Vous avez besoin de les confronter à la dure réalité du terrain pour rester objectif, efficace, cohérent et pragmatique.
Je précise à toute fins utiles que ceux qui ont été choisis sont des patriotes proches de moi et nous travaillons en parfaite symbiose. Je les appuie dans l’exercice de leur mission.
Mo5-togo.com : Selon vous la diaspora togolaise est-elle organisée ? Quel rôle peut-elle jouer dans l’alternance et l’instauration de la démocratie au Togo ?
Lawson-Hellu : J’ai tout lieu de penser que lorsqu’on veut reconnaître l’unité de la diaspora togolaise, elle se morcelle. Lorsqu’on veut interroger sa pluralité, elle se disperse derrière des incantations et des incongruités de leadership dévoyé.
Lorsqu’on veut évaluer ses stratégies et peser ses initiatives, elles se divergent tangentiellement occasionnant une cacophonie désabusante avec à la clé un bulletin d’échecs prévisibles. Chacun tire le drap de son côté. Pas de vision d’ensemble claire ni méthode d’action bien définie. On veut plutôt trôner dans la < cité de l’opinion> (selon la description que Hobbes fait de l’honneur) en s’adjugeant une certaine reconnaissance publique et virtuelle à travers une autopromotion cybernétique.
Pourtant, la diaspora dispose de précieuses ressources dont la mise en synergie ferrait d’elle une force économique, politique et sociale redoutable capable d’influencer considérablement les acteurs et les enjeux de la crise togolaise. On ne peut perpétuellement réinventer la roue. Le Congrès Mondiale de la Diaspora doit impérativement se concerter avec la Diastode Internationale et le Mo5 ainsi que toutes les organisations représentatives de la diaspora en vue de repenser la vision , la mission , les buts , les stratégies ainsi que les organes de la diaspora togolaise pour une meilleure efficacité des initiatives qui doivent se traduire par des résultats efficaces , édifiants et probants.
Mo5-togo.com :Croyez-vous que la jeunesse togolaise d’aujourd’hui peut-elle assurer la relève et faire mieux que les leaders actuels ?
Lawson-Hellu : Je trouve votre question absolument pertinente. L’avenir du Togo appartient à sa jeunesse qui représente au moins 80 % de la population. Le problème qui se pose à cette jeunesse et qui handicape fortement son élan et sa capacité de relève, provient non seulement de son instrumentalisation mais aussi et surtout du refus systémique de lui conférer les attributs du pouvoir de l’action à la hauteur de l’énergie et de la volonté qui font sa force. On fait en sorte qu’elle choisisse soit de s’aligner sur les forces en présence à fort relent ethnique, soit de se clochardiser, soit de s’exiler ou de s’accommoder de la précarité résultant de la débrouillardise. Le taux de chômage reste très élevé. La déperdition scolaire est ahurissante. Les diplômés sont réduits à des salaires de misère ou contraints à des métiers de subsistance.
En plus de ces difficultés, s’ajoutent des pesanteurs culturelles de l’autoritarisme d’ainesse auquel elle est tenue de se soumettre.
Il faut que la jeunesse togolaise se prépare à une révolution culturelle, sociale et politique. Elle doit conduire et assumer cette révolution jusqu’au bout. Avant d’y arriver elle doit pouvoir penser par elle-même et apprivoiser le fil conducteur de la pensée révolutionnaire. L’élite de la jeunesse doit se former, s’éduquer et acquérir une solide expérience pour réussir sa mission. Elle doit éviter de commettre l’erreur monumentale des acteurs du 5 octobre. Celle de remettre la conduite d’une révolution dans les mains non préparées des quidams opportunistes sans projet ni culture ou encore moins disposant d’une rhétorique et pratique révolutionnaire. La jeunesse doit monter au créneau et se saisir du pouvoir et complètement l’assumer. Ils sont nombreux, ces jeunes togolais, ingénieux, talentueux, courageux et compétents capables conduire la libération et le redressement du pays. Comme l’énonce Frantz Fanon <<“Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir.”>>. Aux jeunes togolais d’accomplir et d’assumer les siennes.
Mo5-togo.com : Comment qualifiez-vous la décision de Gilchrist OLYMPIO de participer au gouvernement de large union et de compétence ? Alors GiL pragmatique ou traitre ?
Lawson-Hellu : La déclaration Gilchrist Olympio le 26 mai 2010 a sonné dans mes oreilles comme des coups de tonnerre. Au-delà de la paix des braves qu’il prétend avoir signée avec le RPT, ce qui peut être compréhensible politiquement, c’est plutôt la nouvelle orientation qu’il propose au peuple togolais et surtout le constat d’échec qu’il effectue des 40 ans de lutte, qui m’ont complètement dévasté. J’ai pleuré comme un soldat sur le champ de bataille qui veut continuer à se battre mais qui voit son chef abdiquer pour des motifs obscurs.
40 ans de sacrifice, de souffrance, de privation, de lutte ardue avec son cortège de blessés, de mutilés, de morts, d’exilés ne peuvent se réduire aussi abruptement à la portion congrue d’un accord bidon de partage de gouvernement aussi médiocre.
Des questions sérieuses se posent. Des interrogations jaillissent de toute part et le doute profond s’installe. Si la question des acquis de ces 40 années de lutte se voit bradée ; pire, se pose avec plus d’acuité le problème de l’orientation idéologique de la lutte où la confusion prend son droit de citée. Plus de repère, plus de référence, plus de mythe, plus d’idéologie, plus de vision. On partage le gouvernement avec le RPT, point barre. C’est plutôt nous semble t-il accepter la régence du parti de malheur ad vitam aeternam. Si la lutte engagée depuis plusieurs décennies devait finalement aboutir à partager le gouvernement avec le RPT, pourquoi avoir perdu autant de temps, d’énergie, de sang, de vies humaines à combattre pendant tout ce temps ? Étions-nous aussi idiots ?
J’ai essayé de comprendre monsieur Olympio, de lui donner le bénéfice du doute et de prendre en considération tous les facteurs significatifs qu’imposent le leadership politique mais peine perdue car tous les éléments et indicatifs de la grille d’analyse qui font qu’en politique 1+1 ne font pas toujours 2 virent au rouge et défient la raison. Ils refusent même d’obéir aux lois potentielles de l’irrationnel…
Le leader politique est leader parce qu’il a une vision, une mission, une stratégie, une méthode et des objectifs auxquelles le peuple adhère. Même si l’on reconnaît que le leader peut être parfois en avance sur son temps et du coup courir le risque d’être incompris et rejeté à un temps T1, Il relève de sa responsabilité de convaincre, de susciter la foi confiance de ses militants en attendant d’être soumis au verdict des résultats concrets de sa démarche au temps T2. S’il advenait que le leader s’est trompé, il doit pouvoir tirer toutes les conséquences de son échec et rendre le tablier. C’est cela un leader.
Gilchrist Olympio n’est malheureusement pas dans le cas de figure.
Il a fait son choix et pris sa décision au mépris de tous les principes de démocratie et de leadership.
Il a outre choisi un très mauvais tempo politique pour parachever son mariage contre nature avec Faure Gnassingbé alors que la réélection de ce dernier est vivement et légitimement contestée par l’UFC et le FRAC.
Il fait fi du vote de la majorité des togolais en faveur de Jean-Pierre Fabre et ridiculiser les marches démocratiques de protestation légitime des milliers de Togolais dans les rues de Lomé chaque samedi depuis l’élection présidentielle du 4 mars contre la deuxième fraude électorale fils du Général Eyadema.
On est forcé de sentir dans la démarche solitaire de Monsieur Olympio, de la vengeance politique pour court-circuiter le leadership et la dynamique revendicatrice de son ex-secrétaire général, au point d’ignorer la volonté et le combat de tout un peuple pour le changement et l’alternance. Monsieur Olympio n’a tout simplement pas digéré que sa candidature hypothéquée soit remplacée par celle de Jean-Pierre Fabre, son disciple politique le plus accompli.
Tout cela témoigne et trahit les convictions de pseudo démocrate et autocratiques de monsieur Olympio et surtout met en lumières ses réelles intentions en trompe l’œil de libération du peuple togolais du joug néocolonial des Gnassingbé. Il me semble que monsieur Olympio arrivé à un âge avancé, où naturellement, il devrait prendre sa retraite politique et passer le relais, et conscient qu’il ne pourra plus se rendre avec le peuple togolais à la terre promise, a voulu monnayer les 40 ans de lutte pour tirer des dividendes personnelles et égoïstes.
En réalité ce qui a fait la force de monsieur Olympio, fait également sa faiblesse aujourd’hui. Toute la force motrice de son combat politique et de son opposition historique a pris son encrage sur la personne d’Eyadema. À la mort de celui, le ballon s’est vidé de son hélium. Un combat politique ne peut se résumer à une opposition à une personne mais plutôt au système incarné par cette personne. Si c’était le cas, le combat de Gilchrist devrait survivre à la disparition d’Eyadema. Monsieur Olympio n’aurait jamais rencontré officiellement monsieur Eyadema de son vivant en 40 ans de lutte politique (j’exclus les rencontres officieuses probables) mais constatez combien de fois il a rencontré officiellement son fils en 4 ans ! Et oui, le deal avec Faure couvait depuis la rencontre mystérieuse d’Abuja en 2005 qui a vu sacrifier sur l’autel des calculs politiciens et égoïstes, l’élection présidentielle gagnée par Bob Akitani et la résistance héroïque du peuple togolais à la succession monarchique de Faure Gnassingné. Le vin a été tiré depuis lors, avec à la clé des milliers de togolais massacrés horriblement. Monsieur Gilchrist Olympio a juste pris le temps de le boire jusqu’à la lie. Il avait tout planifié sauf, la candidature imprévue de Jean-Pierre Fabre et la constitution in extremis du FRAC.
Force est d’affirmer haut et fort que l’accord de partage du pouvoir entre les fils de présidents n’engage qu’eux et non le vaillant peuple togolais.
La question de partage du pouvoir qui est au demeurant une alternative sérieuse de court terme à défaut de l’alternance politique. Elle doit être envisagée sous le prisme du statut officiel de l’opposition, du cadrant législatif et de la question du financement. L’opposition doit être renforcée dans son statut de contrôle du pouvoir, de la gestion de la chose publique et dans le choix des grandes orientations de politique générale au niveau de tous les échelons de l’État. Le partage de pouvoir doit résulter non pas de la participation au gouvernement mais plutôt du pouvoir de contrôler le pouvoir. L’opposition doit disposer ses critiques payés par l’État pour contrôler les ministères, les mairies, les préfectures et toutes les instances de l’État politique et administrative. Le parti au pouvoir gère le gouvernement et en a l’entière responsabilité et assume les conséquences. L’opposition doit disposer les moyens et le pouvoir de contrôler son action. Ces moyens et ce pouvoir constituent les fondamentaux du réel partage de pouvoir dans le cadre d’une démocratie apaisée.
L’histoire, portera un jour, je l’espère, un regard croisé et plus objectif sur la géométrie asymétrique du tracé politique de l’opposant historique et rendra compte de sa pertinence dans le destin politiquement tragique du peuple togolais.
Pour l’instant les dés sont jetés et les clarifications ont été effectuées ; nous devons l’accepter et laisser M. Olympio choisir sa nouvelle voie même si c’est celle du RPT. C’est aussi une exigence de la démocratie pour laquelle nous combattons. Nous devons repenser la révolution et continuer inexorablement le combat jusqu’à la victoire finale du peuple togolais. Jacques Attali, dans « Une brève histoire de l’avenir » conseille en ces termes: ”Comme à l’aube de toute révolution majeure, il nous appartient d’abord d’en mesurer l’urgence, d’en nommer les acteurs, d’en définir les valeurs et d’en imaginer les institutions, dans la modestie du quotidien et la démesure de l’idéal”. Repartons sur de bases nouvelles et saines avec des hommes nouveaux, capables de porter plus loin l’aspiration légitime du peuple togolais à l’alternance et le changement.
Les hommes passeront mais le pays et la justesse du combat du peuple pour la liberté, la démocratie et l’alternance politique ne passeront pas.
Mo5-togo.com :Pensez-vous comme certains togolais que l’armée est le problème majeur du Togo ?
Lawson-Hellu : Je vous fais observer que l’armée n’est pas le problème du Togo mais fait partie du problème togolais. Elle porte une lourde responsabilité dans le chaos politique, économique et social depuis son intrusion tragique et désastreuse dans la vie politique le 13 janvier 1963. Elle a plusieurs fois récidivé : 66,67, décembre 91, et la plus récente intrusion, février 2005 générant une crise politique et institutionnelle qui a fait distinguer le Togo de façon tristement célèbre dans le monde. Des réformes sont absolument nécessaires pour redéfinir l’orientation, la mission et la vision en vue de faire cette armée une véritable armée républicaine au service de son peuple, outillée et prête à défendre l’intégrité du territoire, la sécurité des biens et des personnes, la patrie et la constitution. Aussi faut-il désamarrer l’armée togolaise de la domination et de l’instrumentalisation française. Tant que la France continuera à faire de cette armée un outil raciste d’asservissement colonial et un
marché gratuit pour son industrie d’armement, le Togo n’accèdera jamais au rang de pays libre et démocratique et les togolais souffriront toujours de misère et de paupérisation. Le comportement et les propos colonialistes , liberticides et méprisants de ce barbouze de lieutenant-colonel de l’armée française, Romuald Letondot, envoyé au Togo pour conseiller machiavéliquement le chef d’état major de l’armée de terre à maintenir en laisse dans les cales du bateau négrier, le peuple togolais, en disent long sur le plan génocidaire dérobé du pays des droits de l’homme en Afrique en général et le Togo en particulier. La France est entièrement responsable du désordre politique au Togo et conséquemment de la souffrance du peuple togolais. Mais le peuple togolais ne se laissera pas faire et proclame à l’unisson les mots d’Aimé Césaire, tirés du Cahier d’un retour au pays natal :
<<
Et elle est debout la négraille
la négraille assise
inattendument debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sang
debout et libre
>>
Il faut noter que malgré que la configuration de commandement de l’armée soit noyautée par des hommes conseillés par la France et proches d’un parti auquel ils servent mordicus les intérêts, la majorité des soldats de cette armée ne sont pas responsables des basses besognes généralement imputée à celle-ci.
Nous avons noté des grands noms qui ont fait et parfois au prix de leur vie la notoriété de cette armée: Colonel Tépé, Capitaine Épou, Tokofaï, Kanakatom, Akpo et tout récemment le commandant Boko qui par son acte de courage et d’humanisme a épargné à son pays un génocide planifié par le clan Gnassingbé et leurs conseillers militaires et civiles français notamment le machiavel Desbaches et Letondot.
Je pense à tous ceux qui sont tombés dans l’anonymat pour la démocratie. Pour que leur combat ne soient pas vain et surtout pour permettre aux militaires démocrates de l’armée de disposer d’une structure de soutien en cas de détresse, nous avons mis sur les fonds baptismaux les Fonds de Soutien et d’Appui des Démocrates des FAT (FSAD-FAT). Dans un article publié sur les sites internet et signé par Antoine Nadjombé, Gbetey Folly Kpodar ,et moi-même , intitulé : création d’un Fonds de Soutien et d’Appui aux Démocrates des forces armées du Togo, nous écrivions au sujet du FSAD-FAT ce qui suit : <<Son but est de soutenir et d’encourager tout agent démocrate des forces de sécurité togolaise : militaire, gendarme ou policier et tout regroupement de ceux-ci à apporter un appui significatif ou à se distinguer de manière héroïque dans la lutte de libération du peuple togolais.
Le peuple togolais et sa diaspora veulent désormais s’appuyer sur les ressources de son armée pour résoudre définitivement la crise togolaise en vue de faire rentrer le Togo dans la modernité, le bien-être social pour tous et le développement intégral. Le peuple togolais a fait son chemin dans sa volonté de libération et de changement ; il appartient à l’armée ou du moins à une partie de celle-ci de faire le sien.
Les Fonds de Solidarité et d’Appui des Forces Armées Togolaises (FSAD-FAT) fonctionneront entre autres comme une assurance vie, une assurance maladie et invalidité, une bourse d’études pour les ayant droits, une pension de retraite et une prime à l’action et au courage
Nous devons abandonner la litanie des paroles incantatoires qui ne déplacent même pas de la poussière. Nous devons essayer autre chose que le dénigrement systématique. C’est faisable si nous savons transformer nos pleurs, frustration, déception, amertume, colère, hésitation, peur, doute, vœux pieux, critiques oiseuses en outils pragmatiques d’actions et d’initiatives innovatrices cohérentes en vue d’un meilleur devenir pour le Togo. De toute façon le Togo démocratique de demain auquel nous appelons de tous nos vœux, aura à composer avec l’héritage lourd et complexe de son armée. Vaut mieux y réfléchir et prendre les devants dès maintenant. La chandelle vaut le coup nous semble-t-il.
La démarche n’est pas seulement financière, mais aussi, et surtout psychologique, psychique, sociologique et historique. C’est un processus de réconciliation du peuple avec son armée et surtout de la réappropriation de celle-ci dans notre inconscient collectif. Un peuple sans son armée est vulnérable et une armée sans son peuple n’a pas sa raison d’être. Les deux forment les parties d’un tout et le tout d’une partie. Une souveraineté sans la force nous semble être du leurre. Au-delà de la lutte pour l’alternance politique, nous devons avoir en perspective les fondamentaux d’une vraie république souveraine et d’une vraie nation.>>
Nous demandons à la diaspora togolaise et à toutes les personnes de bonne volonté au Togo et ailleurs, de se mobiliser pour faire de cette institution une réalité.
Mo5-togo.com : votre mot de fin.
Lawson-Hellu: J’aimerais dire au peuple togolais qu’il y a des raisons d’espérer et qu’il faut rester mobilisé, déterminé et unis. La victoire est proche, ce n’est qu’une question de temps. Vaincrons ou mourrons mais dans la dignité.
Vive le Togo et vivement l’alternance politique.
Unis pour la même cause, la lutte continue !
Je vous remercie
Mo5-togo.com