Après plusieurs démentis, ce qui n’était que rumeur devient clameur : Me Djovi Gally, ancien ministre âgé de 56 ans, a officiellement démissionné de l’UFC pour “divergences de vue entre lui et la direction du parti en ce qui concerne l’application de l’accord RPT-UFC”, selon son communiqué.
Il avait d’ailleurs aidé, par des artifices juridiques, dit-on, Gilchrist Olympio à se débarrasser de ses principaux lieutenants, dont Jean-Pierre Fabre, Isabelle Ameganvi et Patrick Lawson qui voulaient prendre l’UFC; à mater la « rébellion » au point de pousser ces derniers à la scission du parti. Les « rebelles » sont allés créer l’Alliance nationale pour le changement (ANC) qui opte aujourd’hui pour une idéologie (socialisme) diamétralement opposée à celle de l’UFC (libéralisme).
L’accord RPT-UFC est exhibé par Gilchrist Olympio comme une solution de partage du pouvoir entre le RPT et l’UFC, mais aussi comme un enterrement de la hache de guerre de plus de quarante ans entre le clan Gnassingbé et sa famille. Mais l’application a montré très vite ses limites, l’UFC n’a que des strapontins au gouvernement et le partage de la direction des sociétés d’Etat n’a jamais vu le jour. L’UFC n’a qu’un ministère d’Etat aux affaires étrangères dépouillé de toutes ses prérogatives par un conseiller de Faure Gnassingbé aux affaires étrangères.
Concrètement censé porter ses fruits “dans les six mois”, les limites de l’accord RPT-UFC se sont vite montrer dès que le leader historique du parti « détia »est sorti fragilisé politiquement de la scission de sa formation politique. Faure Gnassingbé ne conservant que par compassion politique un Gilchrist Olympio diminué physiquement et politiquement.
Reste à savoir les raisons pour lesquelles Me Djovi Gally démissionne réellement, à l’orée des législatives prochaines. Car, cet avocat considéré à tort ou à raison comme un des “transhumants politiques” des plus emblématiques du pays,habile et fin opportuniste était entré à l’UFC dans le but de se présenter aux élections communales à Lomé. Me Djovi Gally n’a jamais caché son ambition de devenir maire de la capitale. Or, il apparaît de plus en plus probable que l’UFC n’a plus la côte à Lomé et qu’il est également probable que les élections prochaines se jouent entre l’ANC et le RPT. Les carottes étant déjà cuites, Me Djovi Gally n’ayant jamais voulu retourner au gouvernement à quelques mois des élections, il ne lui reste qu’à aller s’occuper de ses “oignons “, son cabinet d’avocat situé Avenue du 24 janvier.
Comme leçon de cette histoire, Me Djovi Gally ressemble par trop à certains hommes politiques de l’opposition au Togo à qui le métier n’a évidemment pas réussi. A Gally ce qui est à Gally : Avocat rebelle défenseur des droits de l’homme dans les années 1980-1990 pour avoir animé une conférence bouleversante sur la démocratie et l’Etat de droit- il a notamment discrédité le système de parti unique-, Djovi Gally fut membre du bureau du praesidium de la conférence nationale souveraine. Président, entre autres, de l’ONG l’Observatoire panafricain des droits de l’homme (OPAD), Me Djovi Gally n’eut réellement plus de succès par la suite. Proche d’Edem Kodjo, il le quitta pour se promener comme le juif errant avant d’atterrir, à la surprise générale, à l’UFC. Lui, le modéré dans un parti considéré comme radical voire extrémiste à l’époque. Il aura peut-être réussi à convertir Gilchrist Olympio à une opposition plus que modérée, compromise, dira-t-on.
Me Djovi Gally a au moins le mérite d’avoir tourné le dos à un accord qui ne marche pas.
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