Alerte! Faure Gnassingbe fait feu de tout bois pour s’accaparer frauduleusement et dans la violence du prochain parlement

by mtn on June 13, 2013

machine a fraude de Faure GnassingbeLe chien aboie, la caravane passe. C’est l’adage qui peint bien l’état d’esprit du pouvoir Faure Gnassingbé et son bras exécutif par rapport au processus électoral, la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Malgré les dénonciations de l’opposition et les appels tous azimuts au dialogue pour une organisation plus consensuelle et des élections démocratiques et apaisées, ils foncent sans sourciller. Les choses s’accélèrent et en l’espace de quelques jours, des décisions majeures ont été prises ; la dernière est le décret portant découpage électoral. L’une des plus importantes est sans doute la fixation de la date du scrutin au mois de juillet. Un choix loin d’être fortuit. Mieux, qui cache des calculs politiciens.

Le découpage électoral aussi inique qu’en 2007

C’est la dernière décision de la série ouverte depuis le 31 mai dernier, avec le lancement de la période de dépôt des candidatures, du 3 au 10 juin, prorogée jusqu’au 16. S’en sont suivies la convocation du corps électoral (pour le 21 juillet 2013) et la fixation du cautionnement (100 000 FCFA pour les hommes et 50 000 FCFA pour les femmes). Un décret daté du 10 juin portant découpage électoral a été rendu public ce lundi. Et sans surprise, c’est le projet gouvernemental tant décrié par l’opposition qui a été avalisé.

Tout comme l’opposition, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne du scrutin législatif du 14 octobre 2007 avait relevé des disparités criardes  « au détriment, principalement, des circonscriptions du Sud et tout particulièrement de la ville de Lomé et de son « hinterland » (préfecture du Golfe) » et recommandé un redécoupage équitable, basé sur la démographie, le critère scientifique par excellence dans cet exercice de découpage bien exprimé par le quotient de représentativité. Malheureusement, celui qui devra avoir cours lors du scrutin du 21 juillet prochain, est aussi inique qu’en 2007. Le pouvoir Faure Gnassingbé, décidé à faire pencher la balance de son côté, maintient les mêmes injustices, à quelques exceptions près. Seuls quelques jonglages ont été faits pour séduire les naïfs. Comme la concession de trois (03) petits sièges supplémentaires à Lomé Commune et la Préfecture du Golfe réunies en ce qui est appelé Le Grand Lomé. On retiendra que le territoire est subdivisé en trente (30) circonscriptions électorales et le nombre de députés augmenté de dix (10) par rapport à l’Assemblée nationale passée, et porté donc à quatre-vingt-onze (91). Le reste, c’est un jeu de retrait d’un siège à certaines circonscriptions et d’ajout à d’autres. Les écarts entre les localités du Nord et celles du Sud restent notoires.

Les calculs secrets qui justifient le choix de juillet

La fixation d’une date pour la tenue du scrutin a été une épreuve difficile pour le pouvoir et la Céni, qui se sont cassé les dents à plusieurs reprises, confirmant l’improvisation et la navigation à vue qui caractérisent leur gestion du processus électoral. Mais alors que l’opinion ne s’y attendait pas trop, le conseil des ministres annonça le 31 mai dernier, la date du 21 juillet 2013. Si cette décision situe pas mal de monde, y compris les leaders de l’opposition qui dénonçaient un appel à candidatures irrégulier et illégal en ce qu’il est survenu alors même que le corps électoral n’était pas convoqué, elle ne fait tout de même pas l’unanimité.

Les acteurs politiques trouvent cette date trop rapprochée au regard des différends à régler et de la probabilité d’un dialogue politique à organiser pour les aplanir. On peut s’étonner, comme au Parti démocratique panafricain (Pdp), que le conseil des ministres appelle les populations togolaises, rurales à une bonne majorité, au scrutin dans un mois de saison pluvieuse. « La date du scrutin est fixée en période pluvieuse, donc une période qui techniquement n’est point propice pour une réussite de la campagne électorale, ni pour une mobilisation massive des électeurs », a fustigé le parti de Bassabi Kagbara dans une déclaration datée du samedi 8 juin dernier. Une critique assez sensée, et il est permis de s’étonner que le gouvernement qui devrait être bien avisé que les mois de juin et juillet font partie de la saison pluvieuse aussi bien au Sud qu’au Nord du pays, ait pu choisir une telle période pour les prochaines législatives – on parle de période en considérant le temps de la campagne électorale aussi. Un choix qui légitime la suspicion de certains observateurs, qui justifient le choix de cette période par des calculs politiciens faisant partie intégrante des grandes manœuvres du pouvoir visant à verrouiller le processus.

« …Ce n’est pas fortuit si le pouvoir fixe le scrutin au 21 juillet prochain. Durant ce mois, des élections auront aussi lieu au Mali et en Guinée, des pays dont la situation retient beaucoup plus l’attention de la communauté internationale. En tenant son scrutin au cours de ce mois, le hold-up passera inaperçu… », a fulminé l’un d’eux. Même si ce n’est jusque-là qu’une conjecture, elle n’est pas aussi farfelue que l’on pourrait le penser. Car en effet, le Mali devra organiser une élection présidentielle hypothétique pour fermer la page de la crise politique inaugurée depuis le 21 mars 2012 par un coup d’Etat irresponsable qui emporta Amadou Toumani Touré, qui s’était pourtant engagé à se retirer, et à un mois du scrutin prévu en avril 2012. La suite est une somme de péripéties mouvementées, avec la montée de la fièvre islamiste, l’invasion du Nord du pays par les islamistes et leurs lots de dégâts, la guerre pour les y déloger et son corollaire qui est l’instabilité. Le premier tour est prévu au 28 juillet prochain, et le second, au 11 août. En Guinée, ce seront les élections législatives qui devront être organisées le 30 juin prochain. Prévu juste six mois après l’élection d’Alpha Condé à la magistrature suprême le 7 novembre 2010, ce scrutin a été reporté à maintes reprises, faute de consensus entre le pouvoir et l’opposition. Cette dernière date est même contestée par l’opposition incarnée par Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces démocratiques de Guinée, qui dénoncent l’unilatéralité de la décision prise par Alpha Condé. Quoi de plus normal, car les origines de la crise sont lointaines et les conséquences profondes.

Il faut le dire, ces deux pays reviennent de loin, avec des crises accompagnées de violences et morts d’hommes. A certains moments, on a craint le pire ; mais le bout du tunnel est en train de pointer à l’horizon. Et ces pays sont l’objet de toutes les sollicitudes de la part de la communauté internationale. La France, les Nations-Unies et autres sont à leur chevet et les accompagnent dans leurs processus électoraux respectifs. Toutes les attentions de la communauté internationale sont requises par la situation dans ces pays, et un hold-up électoral de Faure Gnassingbé au Togo passerait inaperçu. C’est sur cela que le Prince voudrait visiblement surfer, en fixant la date du scrutin en ce mois de juillet.

Tino Kossi

www.liberte-togo.com

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