Arrestation de Pascal Bodjona: Dossier complet sur les tenants et aboutissants de l’affaire d’escroquerie internationale.

by mtn on September 2, 2012

Tout commence à Doubaï  en mars 2008 dans les toilettes d’un palace huppé, où un escroc nigérian du nom de Mamadou Keita aborde Abbas Yousef, un richissime homme d’affaire émirati  pour lui présenter sa soi–disant mère, une certaine Mounira Awa qui serait la veuve du feu président Robert Guéi de Côte d’Ivoire. Le stratagème  du  scam à la nigérianne est bien huilé, la dame se fond en larmes en expliquant  à l’émirati que son mari assassiné, avait laissé  275 millions de dollars pour elle  mais que l’argent est bloqué dans un coffre de la Banque  centrale du Togo et qu’elle aurait besoin de son aide moyennant un pourcentage substantiel sur le magot, une fois retiré. L’émirati par cupidité et appât du gain facile a mordu à l’hameçon. Il fait appel à son ami et conseiller au sein de  la société pétrolière Pilatus Energy, Loik Le Floch-Prigent, ex directeur d’Elf Aquitaine en France. Précisons que Loik Le Floch-Prigent a été mis en examen  28 fois et condamné à de lourdes peines d’emprisonnement. Il s’est reconverti en consultant international pour certains chefs d’Etat africains et groupes mafieux. Loik connaissait très bien Mamadou Keita et Mounira Awa et était bien dans le coup sans que l’émirati ne le sache. C’est donc avec empressement qu’il confirme alors la véracité des propos des escrocs et confirme également l’existence de l’argent. C’est alors que le relais togolais des mafiosi entre en jeu en la personne de Bertin Sow Agba.

Qui est Bertin Sow Agba ?

Natif de Kouméa dans la région de la Kara, Bertin Sow Agba est un homme d’affaire de 44 ans et  directeur général de la société togolaise de sécurité et de gardiennage OPS, qui emploie plus de 900 agents. Bertin Agba Sow est le propriétaire d’une villa luxueuse, de deux jets privés, aujourd’hui bloqués au Ghana, de plusieurs voitures de luxe et aurait fait bénéficier de l’argent de cette escroquerie à des caciques du régime togolais notamment des officiers de l’armée dont nous taisons les noms.

<<Bertin Agba est arrêté à la frontière d’Aflao avec un bébé mort-né dans une valise. Emprisonné, puis relâché, il sera par la suite soupçonné de trafic de drogue sans être inquiété. Il participa également à une vaste escroquerie contre le directeur général de l’Union Togolaise de Banque Alexis Lamsey Looky, et il fut soupçonné de lui avoir soutiré près de 4 milliards de Francs CFA.>>

Le réseau de mafieux en complicité avec leur relais de Lomé  demande alors l’émirati Abbas Yousef  de faire  le déplacement de Lomé avec  une bagatelle de 1.200.000 dollars afin de débloquer le magot à la Banque centrale. Il affrète un avion spécial et se rend à Lomé en compagnie du filou français Loik, le 21 juillet 2008. Ils sont accueillis chaleureusement par les membres du réseau des mafiosi qui ont organisé l’arnaque internationale : Mounira Awa qui joue la veuve de Robert Guéi, Mamadou Keita, qui joue le rôle du fils de président défunt et Bertin Sow Agba qui se présente frauduleusement comme le Ministre de l’Intérieur du Togo. Pour crédibiliser le plan, Bertin  conduit Abbas Yousef au domicile de Pascal Bodjona, directeur de cabinet du Président Faure Gnassingbé. Bodjona les reçoit chaleureusement et obtient une audience auprès de Faure Gnassingbé au cours de  laquelle, il présente l’émirati et sa délégation comme des investisseurs. L’audience fut cordiale et bon enfant.

 L’émirati mis alors  en confiance débourse lors de son séjour à Lomé les 1.200.000 dollars américains. Deux mois plus tard après son départ, notre mafioso national, Bertin Sow Agba annonce à Abbas Youssef qu’il venait de démissionner de son faux poste de Ministre de l’Intérieur et qu’il est remplacé par Pascal Bodjona, qui a organisé le transfert de l’argent au Ghana avec l’aide de Jean Pierre Gbikpi Benissan, Ambassadeur du Togo au Ghana.Il exigera d’autres décaissements de la part de l’émirati. En tout, c’est plus de 50 millions de dollars, soit plus de 25 milliards de Francs CFA que les protagonistes de cette escroquerie ont soutiré à Abbas Yousef. En plus il payé la facture pour le transport en jet privé ou en classe affaire de Loïk Le Floch-Prigent et ses complices entre le Togo et le Ghana, où l’argent devait être acheminé avec l’aide de Pascal Bodjona et de l’Ambassadeur du Togo au Ghana, Jean Pierre Gbikpi Benissan.

Abbass Yousef après  tous ses décaissements, ne voit pas venir les 275 millions toujours bloqués à la  Banque centrale de Lomé. Il s’impatiente, menace et finit par se rendre compte de l’arnaque puisque ses interlocuteurs ne répondent plus à leurs téléphones. Il saisit la justice togolaise et  porte plainte à Lomé contre Bertin Sow Agba, Pascal Bodjona et Jean Pierre Gbikpi Benissan pour escroquerie en bande organisée et commet  le cabinet d’avocat Akakpo Martial & Associés.

Le juge d’instruction Matake Kelouwani, du tribunal de Lomé lance des  mandats d’arrêt contre Mamadou Keita, Mounira Awa, Loïk Le Floch-Prigent, Jean Pierre Gbikpi Benissan et Bertin Agba après consultation du chef de l’État Faure Gnassingbé. Bodjona est épargné du moins pour l’instant.

Bertin Agba fut  arrêté le 7 mars 2011 et  détenu dans les locaux de l’Agence Nationale du Renseignement puis fut transféré à la prison civile de Lomé le 21 mars 2011. Le 25 mars 2011, il comparut devant un juge et reconnu les faits mais comptant sur son réseau au sein du régime, réclame sa mise  en liberté. Ce qui lui fut refusé à sa grande désagréable surprise. Ses comptes bancaires, sa société, ses deux avions personnels ont été bloqués et mis sous scellés.

Les services de renseignement de l’ANR confirment la thèse de l’arnaque impliquant  Bodjona et apportent  les preuves  sur la table de Faure Gnassingbé.  Bodjona crie au scandale et au complot de la part de ces officiers zélés qui veulent sa tête. Il demande une audience privée au président Faure, clame son innocence et présente sa démission. Le président refuse par amitié et service rendu depuis 2005.

 L’affaire est donc bloquée au niveau de la justice mais Bertin est maintenu en prison. Il réussit grâce à ses avocats notamment de l’opposition en mal d’argent et  de célébrité à obtenir une mise en liberté provisoire sous caution de 150 millions de francs cfa. La caution payée, Abalo Abalo Pétchélébia, l’ancien président de la Cour suprême ordonne sa libération. Il fut aussitôt limogé par Faure Gnassingbé à la surprise générale. Faure avait-il un plan en tête et attendait le bon moment ?  On remarque tout simplement que Bodjona qui était en sursis, a commis l’imprudence politique de s’opposer de façon véhémente  au projet  de Faure Gnassingbé de dissoudre le RPT et de créer son propre parti  l’UNIR au congrès de Kara, s’affranchissant ainsi de l’héritage lourd de son père. Faure Gnassingbé ne lui pardonnera pas cet affront. On a donc attendu de pousser Houngbo à la sortie pour profiter de la formation du nouveau gouvernement pour déclencher le rouleau compresseur contre Bodjona. Il est démit du  nouveau gouvernement et fut convoqué par les juges dans un premier temps puis arrêté manu militari hier samedi.  Entre temps le gouvernement togolais fait venir l’émirati pour l’utiliser pour régler des comptes aux brebis galeuses. Bodjona sera  déféré en prison, jugé et condamné.C’est inéluctable.

Les  questions qu’on peut se poser sont:  Pourquoi Faure a-t-il attendu si longtemps avant de réagir  dans le cas de Bodjona ? Pourquoi la justice togolaise n’a accuse  t-elle pas l’émirati de recel et complicité d’atteinte au compte bancaire supposé du feu Robert Guéi ? Où est passé l’argent ? À qui profite le crime ?

Il est clair que Faure Gnassingbé après sa rencontre de mise en garde  par l’ambassadrice des États-Unis  s’est  résolument mis, dans l’optique de sauver  et garder son pouvoir chancelant, à assainir la marre à  jeunes crocodiles qui se sont  foisonnés depuis la mort du président  Eyadema et qui ont  transformé la République togolaise en une terre de contrebande, de mafia , d’ enrichissement illicite et de trafic en tout genre notamment de drogue , d’armes et de personnes. Contrairement à ce que pensent l’opinion et une certaine presse privée, Faure Gnassingbé reçoit un satisfecit des officines occidentales pour sa lutte contre les trafiquants de drogues et  trafics de tout genre qui mettent en danger la sécurité des pays occidentaux. Il est donc évident pour Faure Gnassingbé que  la menace vient beaucoup  moins de l’opposition que de son propre camp.

 C’est pourquoi les avocats, leaders de  l’opposition doivent réfléchir par deux fois avant d’engager le peuple en lutte légitime pour sa libération dans la défense des criminels et autres trafiquants dont leurs dossiers ont été transmis à Faure Gnassingbé par les services de renseignements étrangers. Ce faisant,  ces avocats nuisent à la cause du peuple car ils décrédibilisent la lutte légitime du peuple togolais pour l’alternance et le changement. Les occidentaux préfèrent quelqu’un qui peut établir l’ordre et la discipline fut-il fils de dictateur que le démocrate naïf  par qui le désordre le chaos pourrait s’installer.  L’opposition doit se ressaisir, prendre la mesure des choses et savoir ce qu’elle veut. Suivez-mon regard !

Vicentey Ben Polar www.mtn-togo.org

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