Abass Kaboua lâche des noms et émet des pistes sur les commanditaires:Ingrid Awadé et des officiers de l’armée cités

by mtn on May 22, 2013

Les marchés de Kara et de Lomé brûlentLes rues de Lomé étaient encore noires de monde ce samedi 18 mai. A l’appel du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac), du Collectif «Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel, les populations sont sorties nombreuses pour protester contre la mort en détention d’Etienne Yakanou, responsable de la section Avénou de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), et exiger la libération de tous les autres leaders et militants du Cst détenus dans l’affaire d’incendie des marchés du Togo. Cette marche a connu des manifestations particulières et des révélations (sic) sur l’identité des commanditaires des incendies.

Ire et malédiction des femmes sur les pyromanes

On les sait déterminées, impliquées, ne faisant jamais les choses à moitié, lorsqu’elles sont requises. Et elles l’ont une nouvelle fois prouvé. Les femmes du Cst, du Frac et de la Coalition Arc-en-ciel, de rouge et noir vêtues, ont fait montre de toute leur colère. Le cortège qui s’est ébranlé du Foyer Pie XII a marqué des arrêts au niveau du commissariat central, en face du camp Gendarmerie et à Déckon. Là, des femmes parmi lesquelles des victimes des incendies ont organisé des cérémonies traditionnelles au cours desquelles des potions, des mélanges d’herbes aux vertus surnaturelles et de l’eau furent versés à ces endroits, pour implorer le châtiment des mânes des ancêtres sur les pyromanes et leurs commanditaires. A en croire le confrère koaci.com, un reporter qui filmait le rituel aurait vu sa camera s’éteindre pour ne s’allumer qu’à la fin de la marche.

Les victimes qui ont perdu leurs fonds de commerce dans l’incendie, promettent de se faire justice par tous les moyens. En guise de malédiction, certaines ont exhibé leurs seins, leurs sexes et trainé leurs fesses toutes nues sur le sol. Des gestes pleins de sens dans les cultures africaines. Leur colère est montée d’un cran au niveau de la Gendarmerie nationale où elles ont failli défoncer le portail. Devant l’ire des femmes, les gendarmes en faction ont dû rentrer précipitamment dans l’enceinte et le fermer. Craignant sans doute le déversement de la colère sur les agents déployés pour encadrer la marche, leurs supérieurs ont dû les appeler à battre retraite.

Abass Kaboua émet des pistes sur les commanditaires

Comme il fallait s’y attendre, les messages à la plage ont tourné autour de la dénonciation de la mort troublante d’Etienne Yakanou, de l’exigence de la libération des autres personnes détenues dans l’affaire des incendies. Et dans les mêmes veines que la manifestation de ce samedi, mais aussi pour exiger un dialogue politique, la matérialisation des réformes institutionnelles et constitutionnelles fondamentales et des législatives transparentes et équitables, les organisateurs en annoncent de similaires pour aujourd’hui, demain et jeudi. Trois (03) jours de manifestations donc, avec sans doute la même détermination.

L’un des épisodes du meeting à la plage du changement était les révélations du président du Mouvement des républicains centristes (Mrc) qui a livré les dessous de l’incendie du marché d’Adawlato et évoqué des noms de présumés commanditaires. En effet, à en croire Abass Kaboua, le plan de raser le grand marché de Lomé serait ourdi depuis longtemps par Ingrid Awadé, Directrice générale des Impôts et une des maitresses de la République, et certains officiers des corps habillés. Leur but serait un procédé à la keynésienne, consistant à détruire tout sur le site du marché d’Adawlato pour y ériger plus tard, un grand super marché comme on en trouve à l’entrée de la ville d’Accra.

Quel sort pour ces révélations ?

L’idée telle qu’évoquée par Abass Kaboua qui sous-tendrait la destruction du marché d’Adawlato, c’est-à-dire la construction d’un super marché géant n’est pas mauvaise a priori. Une telle nouvelle infrastructure ne ferait qu’enjoliver l’image de la ville de Lomé. Et pour ce faire, il aurait juste fallu exproprier légalement les occupants des lieux, avec paiement de tous les droits y afférents. Ce n’est malheureusement pas le cas. Des indiscrétions ont effectivement fait état d’un tel projet depuis l’époque du « Vieux ». Mais le drame ici réside dans la façon de procéder, c’est-à-dire l’incendie de l’immeuble avec destruction des marchandises, autres biens et argent des pauvres commerçantes, des pertes estimées à près de cinq (05) milliards de FCFA ; l’anéantissement des vies humaines (3106 commerçantes et commerçants victimes en tout pour les deux marchés, avec la très grande majorité pour Lomé qui voient les efforts de toute une vie partir en fumée) ; et la récupération politicienne qui en est faite et consistant à en accuser les leaders du Collectif  « Sauvons le Togo » et les incarcérer.

Ces révélations du patron du Mrc lèvent un coin de voile sur les éventuels commanditaires de l’incendie. Abass Kaboua n’a en réalité que dit tout haut, ce que bon nombre de gens croient savoir depuis le lendemain du sinistre. Il y a longtemps que les indiscrétions citaient comme commanditaires des incendies, des noms d’une intime du Prince de la République – suivez les regards – et autres proches dont des officiers supérieurs des corps habillés – l’un qui était beaucoup impliqué dans la fusillade de Pâques le 9 avril 2009 aurait même été vu très tôt sur les lieux du sinistre à Lomé le 12 janvier alors que sa fonction officielle n’avait rien à avoir avec les incendies.

Dans son avant dernière parution, sans pour autant être explicite sur leur responsabilité dans la survenue des incendies, le confrère « La Nouvelle » citait des noms de personnes qu’il disait urgent d’auditionner pour la manifestation de la VERITE dans cette affaire. Les leaders du Cst n’ont de cesse de crier que les vrais pyromanes se trouvent dans le camp du pouvoir. Avec la sortie d’Abass Kaboua, cela fait trop d’allégations (sic) pour être minimisées. Même si on n’a pas d’indices matériels probants sur l’implication de tous ces gens cités, le bon sens voudrait que la Justice (sic) que Faure Gnassingbé dans son discours du 27 avril promettait se faire en toute sérénité, explore ces pistes. Mais lorsqu’on sait le sort réservé par le pouvoir aux différentes révélations dans cette affaire (celles de Mohamed Loum particulièrement), il faut craindre que les dernières ne soient aussi balayées du revers de la main. Et puis, les personnes citées, ce sont des intimes et autres serviteurs du Prince, et difficile de croire que sa Justice puisse prospecter jusque-là. Une chose est certaine, les commerçantes victimes promettent se faire elles-mêmes justice, et « par tous les moyens ». Etant en Afrique, de pareilles justices sont sans recours, et il faut craindre le pire (sic). Et en ces temps de pluie, ce sont les pyromanes et leurs commanditaires qui doivent faire dans leur froc. 

Tino Kossi www.liberte-togo.com

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