2009-04-15 à propos de l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé pour tentative d’atteinte à la sureté de l’état: il n’a pas été arrêté devant l’ambassade mais bien à l’intérieur.
Résumé
Peu avant 05h00, le mercredi 15 avril, Kpatcha Gnassingbé, ancien ministre de la Défense et demi-frère du président Faure, est arrivé à l’Ambassade américaine de Lomé cherchant asile pour éviter son arrestation dans le cadre d’investigations pour un coup d’Etat. Surpris, le garde local l’a autorisé à accéder au poste de Contrôle d’Accès (CAC), où il est resté plus de deux heures.
A 07h20, une petite équipe de la gendarmerie a été autorisée à entrer dans le CAC pour escorter Kpatcha Gnassingbé dans un véhicule qui attendait. Fin de résumé
Lorsque Kpatcha est arrivé à l’Ambassade, les gardes locaux lui ont permis d’accéder uniquement au principal CAC. Environ 20 minutes après son arrivée, une équipe de gendarmerie est arrivée et s’est garée en face de l’entrée principale de l’Ambassade. Ils sont restés tranquillement, de l’autre côté de leur véhicule, et n’ont pas essayé d’entrer dans le CAC. Kpatcha a demandé asile contre son arrestation. Il a demandé à quitter le CAC mais cela lui a été refusé. L’Ambassadrice a parlé avec lui au téléphone et lui a demandé de quitter les lieux. Elle lui a expliqué que le gouvernement américain (USG) observe les lois du Togo et qu’il doit se conformer aux termes du mandat d’arrêt. Elle a en outre expliqué que l’Ambassade ferait tout son possible pour s’assurer qu’il soit traité équitablement dans le processus judiciaire. Kpatcha a répondu qu’il craignait d’être tué s’il quittait le CAC et a refusé de le faire.
Le chef de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Yark, est arrivé à l’Ambassade. L’officier régional de sécurité (RSO) lui a demandé, ainsi qu’au ministre de la Sécurité Titikpina, copie du mandat d’arrêt. Le ministre et l’officier de gendarmerie lui ont assuré qu’une copie était en route. Après avoir vérifié que Kpatcha n’était pas armé, et que le garde local était en sécurité et hors du chemin, le RSO a négocié avec succès avec Yark pour qu’une petite équipe d’arrestation soit autorisée à entrer dans le CAC avec lui pour escorter Kpatcha en dehors des lieux. Kpatcha est allé avec eux tranquillement, emmené dans un véhicule en attente, et le contingent de la gendarmerie a quitté le territoire de l’ambassade.
Commentaire
Le poste a été en contact avec le Centre d’Opération durant tout l’événement. Les employés de l’Ambassade ont été directement contactés et ont été exhortés à rester à la maison jusqu’à nouvel ordre. L’Ambassade est maintenant ouverte. Toutefois, les rumeurs volent rapidement et furieusement, et l’incident a déjà été l’objet d’un appel de Radio France Internationale. Nous avons préparé un point de presse et l’avons envoyé pour approbation. Fin de commentaire
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2009-04-13 à propos de la tentative de coup d’état de Kpatcha Gnassingbé ; les USA ont été informéS avant même l’intervention.
http://www.wikileaks.org/cable/2009/04/09LOME115.html
Résumé
A 22h00, le dimanche 12 avril, des forces militaires ont pris d’assaut la maison de l’ancien ministre de la Défense et demi-frère du Président Faure, Kpatcha Gnassingbé. Les premières informations sont que Faure a ordonné cette action pour contrecarrer une tentative de coup d’Etat prévue pour les prochains jours. Faure avait planifié un voyage en Chine, mais il semble avoir annulé le voyage. Fin de résumé
A 23h00, le dimanche soir, PolOff a reçu un appel téléphonique venant d’un conseiller de Kpatcha, affirmant que les forces militaires avaient pris d’assaut la maison de Kpatcha et tiraient des coups de feu. Il a dit que les intrus étaient entrés dans la maison et avaient cassé les portes à la recherche de Kpatcha. Les officiels de l’Ambassade ont appris plus tard que les forces étaient dirigées par le colonel Kadanga, chef de la FIR, (Unité d’intervention rapide) et beau-frère de Faure et Kpatcha. Un autre demi-frère de Faure Gnassingbé, Rock, est intervenu à un certain point dans la nuit et a sorti Kpatcha en toute sécurité hors de la maison. Kpatcha est retourné à son domicile en milieu de matinée, mais il y a des informations non confirmées selon lesquelles il serait conduit dans un lieu tenu secret. Kpatcha Gnassingbé a appelé l’Ambassadrice à environ 10h45 ce matin pour annoncer que « ils » avaient essayé de l’assassiner, mais a dit qu’il était indemne. Il a dit qu’il a parlé à son frère, le président, et qu’ils se rencontreraient cet après-midi. Pour nous convaincre que ce fut réellement une tentative de coup d’Etat, quatre membres de l’armée ont été arrêtés, dont un Capitaine Gnassingbé, un cousin de la famille.
L’ancien président Kérékou du Bénin est arrivé à Lomé, ce matin, nous supposons pour faire la médiation, et selon la rumeur le Président du Burkina Faso Blaise Compaoré pourrait arriver cet après-midi pour l’aider.
Commentaire
Clairement le GOT (Gouvernement du Togo) était au courant de rumeurs de coup d’Etat qui circulaient à Lomé depuis plusieurs semaines. Les fonctionnaires de l’ambassade ont rencontré le ministre de la Sécurité et le directeur de l’Agence de renseignement togolais, ANR, pendant le week-end ; les deux ont confirmé qu’ils étaient déjà au courant de ces rumeurs. Il est possible que Kpatcha se doutait de ce qui allait arriver, car il a envoyé sa famille loin de sa maison le 11 avril. Alors qu’il est encore possible que les putschistes puissent se regrouper, pour le moment, il est plus probable que la famille Gnassingbé va trouver un moyen pour temporairement effacer leurs différends. Fin Commentaire.
HAWKINS
2009-11-20 note à propos d’un probable boycott des présidentielles 2010 par l’UFC qualifié de “probablement juste une gesticulation en l’air”
http://www.wikileaks.org/cable/2009/11/09LOME444.html
Résumé
Sans aucun avertissement et contrairement aux attentes, les deux principaux partis d’opposition ont soudainement annoncé un boycott de l’élection présidentielle si le Gouvernement du Togo (GOT) n’accepte pas un changement dans la procédure de vote pour avoir un scrutin à deux tours deux tours. Bien que l’UFC et le CAR aient continué à insister pour que le mode du scrutin soit changé, le problème semblait avoir disparu de l’écran radar étant donné que tout le monde était concentré sur les événements à la CENI et sur le calendrier serré pour les préparatifs de l’élection. Soudainement, l’UFC a publié un communiqué de presse menaçant de boycotter les élections et exigeant un autre voyage à Ouagadougou pour une séance avec le Facilitateur, Blaise Compaoré. Le CAR a publié son propre communiqué dans les jours suivants pour dire la même chose. On n’a rien entendu des autres plus petits partis. Fin de résumé
Le Vendredi, 12 Novembre, Gilchrist Olympio, leader du principal parti d’opposition, l’UFC, a rendu visite au chef de mission (CMR), à sa résidence, pour réitérer ses préoccupations selon lesquelles le gouvernement et le parti au pouvoir (RPT) sont de connivence pour lui voler l’élection. Il a demandé l’assistance du gouvernement des Etats-Unis (USG) pour fournir des ordinateurs aux 6000 bureaux afin qu’ils puissent transmettre plus rapidement les résultats des votes et éviter le transport des urnes – toujours une occasion pour bourrer les urnes. Après une brève discussion sur les difficultés de ce plan, il a abandonné cette requête et a demandé du matériel informatique pour le siège de son parti, disant que tout le matériel utilisé lors des dernières élections avait été détruit par les militaires. (Remarque: Il faisait allusion aux élections de 2003 et 2005, et non pas aux législatives de 2007. Fin de remarque). J’ai suggéré que l’UFC cherche plutôt des ordinateurs portables qui peuvent être plus facilement dissimulés et sont relativement bon marché. Puis, après m’avoir demandé d’intercéder pour le visa d’un neveu, Olympio a nonchalamment laissé tomber qu’il attend toujours le gouvernement pour retourner à Ouagadougou afin de négocier la question des deux tours de scrutin. Il écarta toute discussion sur la Constitution et l’impossibilité de la changer si près de l’élection. Il a rejeté l’idée que le RPT n’accepterait jamais ce changement et m’a assurée qu’il y parviendra avec l’aide du Président Compaoré. Tout au long de la conversation, Olympio semblait fatigué et distrait et n’était pas vraiment concentré sur la conversation. Il m’a appelé plusieurs fois «Mme Rawlings ». Je présume que l’objet réel de la visite était le cas du visa, car il ne s’attardait pas longuement ni n’insistait sur aucune des demandes ou des questions politiques.
Cette après-midi là, sans aucun avertissement, l’UFC a publié une déclaration appelant le gouvernement à changer le mode de scrutin à un scrutin à deux tours et menaçant de boycotter les élections si cela n’était pas fait. La déclaration est allée dans les détails de l’histoire d’un tour contre deux tours, se référant à la Constitution de 1992 et les modifications unilatérales apportées en 2003 et a appelé la population, y compris les partis politiques, la société civile, les syndicats, les médias, les groupes religieux, les étudiants, toutes les «forces vives» de la nation pour se mobiliser et s’organiser pour obtenir «par tous les moyens » la restauration du scrutin à deux tours.
Trois jours plus tard, le CAR, en utilisant le même langage, a publié sa propre déclaration, appelant le facilitateur à ouvrir de nouvelles négociations avec tous les acteurs politiques togolais pour régler cette question. Le CAR a également annoncé qu’il ne participerait pas à une élection s’il n’y avait pas deux tours.
Il y a eu peu de réaction dans la presse depuis mardi. Seul un journal proche de l’opposition a publié un article légèrement critique de l’UFC, se questionnant sur le timing puisque ce sujet n’avait pas figuré dans les négociations précédentes, et commentant le fait que Olympio s’était plutôt préoccupé de s’assurer sa participation au vote plutôt que de modifier la procédure de vote.
Le ministre de l’Intérieur, Pascal Bodjona, représentant du GOT à la CENI et personne en charge de l’élection, a dit lors d’une réunion du comité de pilotage des élections que ceci est un acte de diversion de la part de l’opposition qui n’était pas prête pour aller aux élections. Un membre éminent de l’UFC et conseiller d’Olympio m’a dit qu’il ne pouvait pas comprendre pourquoi Olympio avait signé une telle déclaration et a jugé qu’il aurait été mis sous pression par Jean-Pierre Fabre, le plus radical du bureau national de l’UFC. Il y a aussi beaucoup de spéculation que Fabre et Habia, un membre du groupe des jeunes de l’UFC, luttent pour prendre le contrôle du parti après la sortie d’Olympio, mais nous n’en avons pas de preuves tangibles.
COMMENTAIRE:
Il n’y a aucune raison possible pour que le GOT et le RPT envisagent de modifier la procédure de vote. Même si cela peut être perturbant à court terme, cette démarche de l’UFC semble être une menace en l’air. Ceci est la dernière chance pour Gilchrist Olympio de participer à une élection présidentielle et il a dépensé beaucoup trop de temps, d’efforts et de crédibilité pour s’assurer que sa candidature serait approuvée pour se retirer maintenant. Une telle démarche consisterait à offrir l’élection au RPT sur un plateau d’argent, et détruire complètement la position de l’UFC. Le CAR a probablement suivi l’exemple de l’UFC, craignant d’être marginalisée en tant que parti d’opposition s’il ne suit pas la ligne. Malgré cette distraction, le poste est convaincu que le GOT tiendra l’élection comme prévu le 28 Février 2010, qu’il y ait un parti d’opposition ou pas. Fin de commentaire.
HAWKINS
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