Le souci de démanteler le réseau de traffic de drogue au Togo dans lequel seraient impliqués des membres de la famille Gnassingbé et des officiers suppérieurs des F.A.T, a-t-il amené l’ambassade des USA à manoeuvrer dans l’ affaire de coup d’État de Kpatcha Gnassingbé ?

by mtn on September 9, 2011

Les révélations de Kpatcha à son procès  et les câbles diplomatiques révélés par Wikileaks jettent un éclairage nouveau sur la déliquescence de l’État togolais, les pratiques manipulatoires   et instrumentales  des services secrets et diplomatiques ainsi que la responsabilité des pays occidentaux dans le désordre togolais.

Seul un État de droit, démocratique , libre et prospère pourrait sauver le Togo et les Togolais du chaos  politique, économique et social.

Jugez-en vous-mêmes!

1-Câble de Wikileaks

2009-01-14 Hawkins demande à Faure de faire arrêter le député Minsoabe Barnabo pour trafic de drogue et questionne sur l’implication de membre de la famille Gnassingbé ; Faure reconnait l’implication d’un frère qu’il ne nomme pas

 Résumé Le président Faure a demandé une réunion avec l’ambassadrice Hawkins pour discuter sur le trafic croissant drogue au Togo, spécialement une organisation de trafic de drogue (DTO) arrêtée à Lomé. Il a discuté franchement et en toute connaissance les détails de cette affaire, le besoin d’une coopération croissante entre le Togo et les Etats-Unis, et les difficultés pour traiter ce problème. L’ambassadrice a insisté sur le besoin de prendre une position ferme sur les problèmes de drogue et a informé le président de l’engagement des Etats-Unis pour continuer son assistance au Togo. Même si Faure semble vouloir aller de l’avant, seul le temps dira s’il est vraiment capable de prendre les mesures. Fin de résumé Le président a commencé la conversation en disant à l’ambassadrice qu’il avait demandé la réunion initialement à cause du manque d’action concernant l’extradition de Jorge Solano-Cortez. Il a exprimé sa satisfaction en apprenant que l’extradition aurait lieu le lendemain. L’ambassadrice Hawkins a expliqué que c’est la lenteur du procureur togolais (qui préparait son propre dossier) qui a causé ce délai. Le président Faure s’est enquis aussi de l’extradition de Willem Zadieh, le meneur du groupe. L’ambassadrice Hawkins a expliqué que les Etats-Unis n’avaient pas de mandat d’arrêt contre lui mais qu’ils en étudiaient la possibilité. L’ambassadrice Hawkins a souligné l’importance de prendre publiquement position contre le trafic de drogue, en se référant spécifiquement au fait que le député togolais Minsoabe Barnabo soupçonné d’être le principal facilitateur togolais du DTO, doit encore être arrêté du fait de son immunité parlementaire. (Note : il a été déterminé par la suite que Barnabo n’était pas au Togo mais en France pour des raisons médicales. Fin de note). Elle a indiqué que les gens penseront que le président Faure n’a pas la volonté de combattre le trafic de drogue s’il laisse Barnabo libre. Faure l’a assuré que la volonté est présente et a vaguement décrit les prochaines étapes pour arrêter le député. L’ambassadrice s’est enquise des dispositions spécifiques du Code Pénal togolais qui stipulent qu’il n’y a pas d’immunité pour les parlementaires qui ont commis de graves crimes comme le meurtre ou le trafic de drogue ; le Président Faure a promis d’examiner cela. Le Président Faure a exprimé son intérêt pour une coopération continue entre le gouvernement togolais et le gouvernement américain. Il a indiqué que le système judiciaire togolais n’était pas capable de prendre en charge des cas de cette importance. Les luttes internes entre les différentes forces de sécurité – gendarmerie, police et service de renseignement ne permettent pas d’obtenir des informations fiables. Faure a exprimé le besoin de plus de formation non seulement sur les problèmes de sécurité intérieure mais aussi sur des formations spécifiques notamment sur la drogue. Il était heureux d’apprendre que la venue au Togo d’une équipe d’évaluation était planifiée pour évaluer les enjeux de la lutte antidrogue à travers le système entier de justice criminelle. Le président a ensuite exprimé son intention de demander à l’ANR (Agence Nationale de Renseignement) de partager avec les autorités américaines les noms des personnes suspectées de trafic de drogue et de mettre en place une base de données criminelle. Le Président a montré la profondeur de sa compréhension des problèmes quand il a discuté des possibles solutions. Il a noté qu’il n’y a pas de volonté politique au Togo ou en Afrique de l’Ouest en général de combattre le trafic de drogue. Quand il a été questionné sur la participation de sa famille dans le trafic, il a dit avoir parlé à son frère (il n’a pas précisé quel frère) et n’avait pas l’intention de soutenir des activités illégales, quelque soit celui qui y est impliqué. Le Président Faure a aussi indiqué que l’argent de la drogue pourrait influencer le processus électoral au Togo, ce qui pourrait déstabiliser encore plus un pays déjà faible. Il a dit que les pays africains ne coopèrent pas autant entre eux sur les problèmes de drogue qu’ils le font avec les Etats-Unis. L’ambassadrice a indiqué que puisqu’il est quasi impossible d’arrêter complètement le trafic de drogue, la meilleure stratégie est de rendre plus difficile pour les trafiquants d’opérer. Commentaire Le Président Faure a passé environ 45 minutes avec uniquement l’ambassadrice et PolOff ; il n’y avait aucun conseiller présent dans la réunion. Il était communicatif et a fait des commentaires avisés sur les conséquences possibles de l’expansion du trafic de drogue au Togo. L’ambassadrice Hawkins a été franche avec le président à propos de la nécessité qu’il soit considéré comme un partenaire fiable dans la lutte contre le crime et la corruption. Cependant, bien que Faure ait exprimé à de nombreuses occasions qu’il souhaite réprimer le trafic de drogue, l’ambassade attend toujours de voir des actions concrètes (comme l’arrestation du député Barnanbo) qui supportent ses paroles. Fin de commentaire.

 HAWKINS

http://www.wikileaks.org/cable/2009/01/09LOME14.html

2-Procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat : Enfin Kpatcha Gnassingbé relate sa version des faits

Troisième audience de l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat ce mercredi 7 septembre au Palais de justice de Lomé. Le demi-frère du président de la République et député à l’Assemblée nationale au moment des faits, Kpatcha Gnassingbé, le principal accusé de l’affaire passe enfin à la barre cet après-midi, à la reprise de la séance. Quand enfin vers 15h23 minutes, après avoir renvoyé le capitaine Adjinon Lambert au box des accusés, le président de la Cour Pétchélébia Abalo invitera « M. Kpatcha Gnassingbé à la barre», tout un bourdonnement et des murmures envahirent la salle.Et puis très vite, place à un silence plateau ! Chacun se remet bien sur son séant. À toutes les entrées de la grande salle du palais, civils comme hommes en tenue, se bousculent pour se frayer la moindre place pouvant permettre de mieux suivre la version des faits selon Kpatcha Gnassingbé. « Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? », demande le juge.« Je ne les reconnais pas, mais je suis député M. le président, que faites-vous de mon immunité ? », répond vertement Kpatcha Gnassingbé. « Il s’agit là d’une exception qui est versée au fond », rétorque Pétchélébia Abalo.

 S’ensuit toute une démonstration des avocats de la défense qui, rappelons-le, ont décidé de revenir dans la procédure aujourd’hui après leur retrait hier. Ces derniers ont encore à cet effet invoqué une nouvelle exception à peine de nullité après les deux qui leur ont été refusées hier par le président de la Cour. La nouvelle exception est relative au décret portant création de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette institution n’étant pas un lieu de détention, toutes les déclarations qui y ont été faites au cours de l’instruction du dossier doivent être de nul effet, estime la défense qui exige au demeurant la présentation du corps du délit.
 En réponse, l’avocat général brandira, la clé USB et le plan d’attaque des points stratégiques de la ville de Lomé qui y aurait été imprimé. Ce dernier s’enfoncera par la suite dans une succession de questions, qui va lui valoir à chaque prise de parole des huées d’hostilité et d’étonnement. Et plus loin, il ira jusqu’à se contredire en reconnaissant que c’est bien les éléments des Forces d’intervention rapide (FIR) qui ont attaqué le domicile de Kpatcha Gnassingbé dans la nuit du 12 au 13 avril 2009 et non la Gendarmerie comme il est stipulé dans les présentations par le Ministère public. Une clameur collective et spontanée s’élève de la salle.
 Les avocats de la défense reviennent à la charge. Le scellé contenant la clé USB tel que présenté, ne respecte pas la procédure. De plus, où sont les armes qui auraient été saisies du domicile du député ? demande la défense. Trêve de bavardage. Le juge décide d’arrêter la défense dans ses rhétoriques démonstratives et interminables. «M. Gnassingbé Kpatcha, reconnaissez-vous la clé USB ?», demande-t-il au député de la Kozah. « Oui, je la reconnais », lance-t-il sans ambages en réponse. Et à 16h23 minutes, la parole revient définitivement à Kpatcha Gnassingbé.
 « Vers 21h, ce 12 avril j’étais à la maison et mes chiens aboyaient. Je regarde par les vitres et je constate que mon domicile est encerclé par les éléments de la FIR. Il y avait des jeeps, des VLRA, des RAC. J’éteins aussitôt les lumières. J’aperçois le Col Félix Kadanga qui dirigeait les opérations, rentrer lui-même en disant «Sortez Excellence, sinon vous êtes morts !». Je téléphone sans tarder au Chef d’Etat major général, au Chef d’Etat major de l’armée de terre, à l’Aide de camp du président de la République. Ce dernier m’a demandé si j’en ai informé le président lui-même ? Je téléphonai ensuite à mon frère, le président de la République, mais l’opérateur me répondait que mon correspondant me rappellera. J’appelle également le Capitaine Bagoubadi Gnassingbé, qui était en mission à Kara pour essayer de comprendre ce qui se passe vu qu’il appartient lui-même à la FIR. Je contacte mon frère jumeau Toyi et Rock, qui me répond que Toyi vient de l’en informer”.
 Kpatcha poursuit: “Vers 2h, Rock se présente et me demande de sortir. N’étant pas totalement convaincu je lui demande s’il a toutes les garanties pour ma sécurité ? Il m’a rassuré et je sors. Ma première question au Col Kadanga était ceci. « Félix, qu’est-ce qui ne va pas ? Sur un ton coléreux, puisqu’il était toujours menaçant, il me répondit « Ne m’appelle pas ! Ça suffit comme ça. Je veux une réunion tout de suite devant le Chef de l’Etat avec ces généraux corrompus ….. »
 Kpatcha Gnassingbé nie en bloc les faits et demande au président de la Cour de ne pas chercher plus loin « qu’une tentative d’assassinat pure et simple…ils ont préparé leur coup sans compter sur le dessein de Dieu ».
 Quelques révélations

L’audience de ce mercredi a donc repris avec Kpatcha Gnassingbé à la barre. Tout en niant les faits qui lui sont reprochés, ce dernier a reconnu avoir été contacté par un agent de l’ambassade des USA (M. Bawa) au sujet de la mauvaise gestion du dossier des officiers trafiquants de drogue par Faure Gnassingbé. Selon le principal accusé, l’agent de l’ambassade lui aurait dit que les USA apprécieraient mieux sa façon de faire et qu’une mitunerie serait en préparation. Et c’était “uniquement” dans le souci de conserver le pouvoir (dans leur camp) qu’il (Kpatcha) aurait pris attache avec l’officier ATTI, un commandant qui devrait diriger le gouvernement de transition issu du coup. Un plan qu’il aurait abandonné lorsqu’il a découvert un flou. Il a la conviction que Bawa est surtout un agent de l’officier Titikpina qui préparerait un coup d’Etat de son côté. Avant de quitter la barre, Kpatcha Gnassingbé a demandé au Tribunal de convoquer Bawa qui serait toujours à l’ambassade des USA à Lomé.

 Lors de ma détention à l’ANR le Chef d’Etat major des FAT, le Gal Titikpina m’a interrogé en me disant « tu voulais faire un coup d’Etat. Moi j’attendais seulement le feu vert du Chef de l’Etat pour t’exécuter. C’est seulement Kadanga qui peut échouer à une telle mission… »
 On m’a arrêté le 15 avril, mais c’est seulement le 17 avril que le Procureur de la République m’a présenté le mandat d’arrêt. Il m’a été présenté un Procès verbal que j’ai refusé de signer. Quelques jours plus tard, le Procureur de la République est revenu me convaincre de le signer, en me rassurant qu’une conciliation familiale sera trouvée à l’affaire. J’ai toujours demandé que X travaillant à l’ambassade des États-Unis qui est venu m’informer en premier d’une histoire de coup d’Etat qui serait monté par, soit interpellé et les juges m’ont toujours fait savoir qu’il est en fuite. Mais j’apprends qu’il est toujours à Lomé et travaille toujours à l’Ambassade des Etats-Unis.
 C’est lors de l’interrogatoire du Gal. Titikpina à l’ANR que j’ai compris que M. Bawa en question était en mission pour ce dernier. C’est pour cela que j’exige qu’il soit interpellé pour qu’il vienne témoigner ici.
 D’autres révélations venant du Commandant Ati qui a succédé à Kpatcha à la barre.
 « Je vous avoue que j’ai été le plus chouchouté à l’ANR. Je n’ai pas connu de torture du tout. J’avais plutôt droit à une chambre climatisée et étais dans de bonnes conditions de détention. En revanche, je tiens à faire cette révélation devant tout le monde. Le 31 août dernier, le Colonel Massina m’a demandé aux environs de 10 heures en présence d’Esso Gnassingbé de ne pas citer le Gal. Titikpina mais d’enfoncer par contre le député Kpatcha Gnassingbé si on veut subir une peine moins lourde. Et il nous l’a répété vers 14 heures. »
 Rappelons que le Commandant Ati a également pointé d’un doigt accusateur un nommé X, travaillant à l’ambassade des Etats-Unis, mis en cause déjà par Kpatcha Gnassingbé.
 Six inculpés se sont succédé à la barre à cette 3ème audience de l’affaire Kpatcha, notamment Amah Boko, le Commandant Djibérékou, l’adjudant Seydou Ougbakiti, le Capitaine Adjinon, Kpatcha Gnassingbé et le Commandant Ati.
 L’audience reprend demain jeudi 8 septembre.( www.mo5-togo.com )
 
3-Conclusion
 
A chacun de tirer sa propre conclusion…

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