Pourquoi l’opposition togolaise oublie si vite ses martyrs ? Article publié par Kpélafia Koumoyi

by mtn on August 30, 2012

La lutte pour la démocratie et l’alternance politique au Togo est jalonnée d’assassinats de militants et responsables de l’opposition par le régime dictatorial de gros calibre des Gnassingbé père et fils. La brutalité et le caractère assassin du régime est connu de tous.

Ce qui fait ici l’objet de ce texte c’est la façon dont nous les démocrates oublions de commémorer  nos morts.

Le 15 août 2008 disparaissait tragiquement Joachim Kokouvi Atsutsè Agbobli. Sa mort avait suscité un émoi et une incompréhension chez tous les Togolais. D’autant plus que les circonstances de sa mort sont restées ambiguës jusqu’à nos jours. Les jours qui ont suivi sa mort, il y avait une multitude de textes écrits et publiés sur les sites et dans la presse écrite (au bas mot 300 textes). Les uns pour lui rendre un vibrant hommage et nous démontrer comment ils étaient des amis intimes avec le défunt, les autres comment ils étaient des compagnons de lutte. D’autres encore comment ils détiennent les preuves de son assassinat et les commanditaires. 4 ans après sa mort, plus rien. Où sont passés tous ceux qui étaient si loquaces et si volubiles à faire l’éloge d’Agbobli au moment de sa mort ? La conscience des Togolais est plus sensible à l’émotion qu’à la raison ? Senghor ne disait-il pas que « si la raison est Hellène l’émotion est nègre » ? Le Togolais est prompt à décocher ses flèches dans l’immédiateté et après plus rien. Il ne cherche pas à construire une action concrète sur le moyen et le long terme.

Pire certains parmi nous qui ont eu le devoir de mémoire comme Eloi Koussawo le Coordinateur Général du Mouvement Patriotique du 5 octobre (MO5) qui a rendu hommage à travers deux textes. L’un à Agbobli intitulé « Devoir de Mémoire : Il y a 4 ans Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli nous a tragiquement quittés » et l’autre à Marc Palanga intitulé « Togo : Marc Palanga aurait dépassé un demi-siècle ce mois d’août : Hommage renouvelé du MO5 à un intrépide combattant ». Ces deux textes encore présents sur certains sites, n’ont pas trouvé de commentaires pour compléter l’hommage rendu à ces deux illustres figures de l’opposition par notre compatriote Eloi Koussawo. Ainsi nous pouvons affirmer que MM : Agbobli, Palanga et d’autres qui sont partis avant eux, sont morts doublement.

Pendant ce temps, on préfère nous rabâcher les oreilles des brouilles que connait l’ancien milicien zélé de bon teint du HaCAME, Pascal Akoussoulèlou BODJONA avec Faure GNASSINGBE. « De quoi je me mêle ? ». On dit souvent que « La révolution broie ses fils ». Moi je dis que le pouvoir broie ses fils. De plus on demande au peuple de marcher et de crier à gorge déployée « Libérer Kpatcha  Gnassingbé » Humm ! Celui là dont le domicile avait servi au quarteron d’officiers ventrus pour nommer Faure président de la république en 2005. Tous nos malheurs d’aujourd’hui ont pour point de départ ce domicile de Kpatcha. C’est vrai en tant que démocrates, si une procédure judiciaire biaisée est engagée contre un citoyen togolais quelque soit son rang et ce qu’il ait fait, nous avons le sacré devoir de  la dénoncer. Mais de là aller jusqu’à réclamer la libération de celui qui hier était le bourreau du peuple togolais, c’est faire preuve d’une myopie de Droits de l’Homme et d’une volonté de manipulation du peuple. Si le peuple togolais aujourd’hui n’arrive pas à pardonner à Agbéyome Kodjo malgré son engagement envers l’opposition, je ne vois pas pourquoi subitement il tolérerait Kpatcha Gnassingbé jusqu’à réclamer sa libération ? Question très pertinente. Les actes criminels posés  par ces gens ont puissamment enraciné ce régime et ont fait du mal à nos populations. Pendant qu’on mobilise le peuple martyr à leur défense… qu’a-t-on concrètement apporté à leurs victimes ? Nous démocrates que dirons nous aux familles des victimes. En 2005 certains des avocats aujourd’hui défenseurs de Kpatcha et Bodjona, avaient constitué un collectif soit en disant recenser les victimes de l’oppression, de la barbarie, afin de constituer un dossier et déposer une plainte à la CPI contre les auteurs des massacres de 2005.Or parmi les auteurs des ces massacres figurent en première place Kpatcha et Bodjona.  Ils ont animé des conférences-débats en occidents pour expliquer comment ils procèdent pour recenser les victimes. Sept ans après le dossier est au point mort. Et les mêmes avocats constituent un autre Collectif mais cette fois ci pour défendre les sanguinaires. Je suis un néophyte en droit. Mais je n’ai jamais vu un avocat défendre le bourreau et sa victime à la fois. Mais comme le Togo ce n’est pas un pays normal peut-être cela peut se faire.

C’est bien de parler de Droits de l’Homme, de ratisser large, d’intégrer nos anciens bourreaux mal pris avec le retour du balancier, mais pas au détriment de nos martyrs que ces gens ont assassiné, torturé et qui ont abreuvé de leur sang la Terre de Nos Aïeuls.

Le bouffon sanguinaire Mobutu Sese Seko, qui a dirigé le Zaïre (aujourd’hui RDC) suite à un coup de force de 1965 à 1997 et dont j’ai toujours chapitré les pratiques tyranniques, n’avait pas du tort lorsqu’il affirmait  à la Tribune de l’ONU, qu’il est certes bon de parler de Droit de l’Homme, mais qu’il serait encore plus séant et conséquent de se poser en appoint la question suivante : De quel homme s’agit-il ? Loin de donner un blanc-seing à Faure Gnassingbe, nous pensons que BODJONA mérite ce qui lui arrive. Kpatcha Gnassingbe, Sow Bertin Agba l’escroc international, Eugène Attigan le trafiquant de drogue, sont bien là où ils sont.

Je parie qu’aujourd’hui si Kpatcha était encore Ministre de la Défense ou Ministre de l’intérieur, avec les manifestations du CST ces derniers temps, il allait donner l’ordre aux forces de sécurité de tirer à balles réelles sur les manifestants. Il y aura des morts et des blessés sûrement. Les droits hommistes vont condamner certainement. Les médias vont faire leur choux gras évidemment. On va appeler à la marche pour réclamer la fin de l’impunité…….. Mais ils sont déjà morts et seront aussi vite oubliés  comme Atsutsè Agbobli, Marc Palanga, Djobo Boukari, Siméon Occassey, David Bruce, Gaston Edeh, Tengue Nestor, Marc Attidepé, les Repêchés de la Lagune de Bè, Les morts de Fréau Jardin,  de l’attentat de Soudou, de Soutouboua, de Barkoissi, de Bafilo, de Sokodé , des élections de 1998, de 2005…….Heureusement qu’au moins 20 ans après l’assassinat non élucidé de Tavio Amorin, le CST par la détermination de Claude Ameganvi et le MO5 ont  fait leur devoir de mémoire.

En entendant que BODJONA règle ses démêlées avec la justice togolaise avant de reprendre service pour défendre le régime de Faure, que Kpatcha soit libéré pour reprendre service aux côtés de Faure pour massacrer encore les Togolais. L’exemple d’un Séyi Mèmène est édifiant. N’oublions pas nos martyrs. Commémorons-les.  Travaillons à faire l’union de l’opposition et bien construire les conditions de l’alternance à moyen et à long terme. Nous gagnerons en crédibilité et en efficacité.

KPELAFIA Koumoyi

Lyon France

 

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