Faure Gnassingbé rate son retour triomphal à Kara et accuse un proche d’avoir dévoilé sa maladie.

by mtn on December 11, 2012

Faure Gnassingbé à ses sympathisants: « Est-ce que le fait d’être malade signifie qu’on est mort ? La maladie est-elle synonyme de la mort ?»

Après son show à Lomé que ses flagorneurs ont vite fait de qualifier de « retour triomphal » sans que nul ne sache en quoi son retour d’Israël était triomphal, Faure Gnassingbé était le samedi 08 décembre à Kara. Probablement pour rééditer cet exploit. Mais c’était compter sans le public sorti peu nombreux à sa rencontre et l’accident des militants de l’UNIR venus de Sarakawa à Kara, sur le chemin de retour. Un fait anecdotique mais qui a tout son sens dans la polémique qui agite l’opinion au sujet de l’état de santé de Faure Gnassingbé, c’est que dans un message adressé aux siens en langue kabyè, le Chef de l’Etat a reconnu être malade.

Une ambiance plutôt morose, des militants très peu enthousiastes, la salle du Palais des Congrès de Kara à moitié vide, le décor a contrasté fortement avec le délire qui s’était saisi des militants de l’UNIR partis accueillir Faure Gnassingbé à l’aéroport international de Lomé-Tokoin, à son retour d’Israël. On est à Kara, chef-lieu de la préfecture de la Kozah, considérée à tort ou à raison comme le fief du pouvoir Gnassingbé, de père en fils. Et pourtant, ce ne sont pas les imaginations fertiles qui ont manqué. La méthode import-export qui consiste à convoyer les militants d’un coin à un autre pour créer l’apparence trompeuse d’une popularité, a été encore une fois privilégiée. Même le grand marché de Kara a été fermé. Le but inavoué de cette mesure, contraindre les commerçants et commerçantes à aller à la rencontre de Faure Gnassingbé, bref, gonfler la foule de militants de l’UNIR et faire d’eux, des militants malgré eux du nouveau parti présidentiel. Mais cette fois-ci, la mayonnaise n’a pas vraiment pris. Ce n’était pas la foule des grands jours. Cependant contre mauvaise fortune, faisant bon cœur, il s’est adressé à son fan club. Mais pour arriver au Palais des Congrès, Faure Gnassingbé a battu le macadam, de la préfecture de la Kozah jusqu’au Palais des Congrès et ainsi réalisé une performance (sic), celle d’avoir parcouru une distance d’environ trois cents (300) mètres à pied. Vraisemblablement pour démentir les informations alarmistes qui le disaient mort. Et pour permettre aux délégations présentes de célébrer son « retour triomphal », Faure Gnassingbé a, selon les informations recueillies, offert un bœuf à chacune d’elles.

Après son intervention en langue française, il placera quelques mots en kabyè, confirmant l’adage selon lequel on raconte les choses les plus préoccupantes dans sa langue maternelle. La phrase qui aura retenu l’attention de ce public était : « Pouwou Eyou Esi Poutobou si esiba ». Littéralement, cette phrase signifie, selon un natif du milieu : « Est-ce que le fait d’être malade signifie qu’on est mort ? Ou encore « La maladie signifie-elle la mort » ? Une phrase lâchée qui, loin d’être une boulette, reste l’aveu de Faure Gnassingbé sur son état de santé. Et aussi un cinglant camouflet pour ses propres flagorneurs qui nient en bloc toute information sur sa maladie. Devenant incisif, il jettera l’anathème sur un proche collaborateur qu’il s’est gardé de nommer, et qui serait, selon lui, celui par qui la folle rumeur de son décès s’est répandue comme une traînée de poudre, a-t-on appris, de sources sûres. Les mêmes sources assurent que le show prévu par Faure Gnassingbé a tourné à une désillusion. Jusque-là, le Prince n’était pas encore au bout de ses peines.

En effet, comme si cela ne suffisait pas, les informations reçues le même jour, aux environs de 15 heures, ont fait état d’un accident dont le bilan humain reste lourd pour les partisans de l’UNIR. Selon quelques témoins de la scène, un camion benne ramenant à Sarakawa les militants du parti venus accueillir Faure à Kara, a fait un accident. Bilan : Au moins trois (03) morts et de très nombreux blessés. Un déplacement présidentiel au goût très amer ! Selon les informations recueillies, une fois l’accident survenu, toute la ville de Kara a été privée d’électricité. Etrange coïncidence. Selon plusieurs habitants de la ville dont les propos nous ont été rapportés, cette coupure subite d’électricité visait à empêcher les jeunes d’envoyer les photos de l’accident sur les réseaux sociaux. Pour une autre frange de la population, ce raisonnement était à battre en brèches ; puisque de toute façon, l’électricité a été rétablie quelques heures plus tard et que ce que les gens n’ont pas fait instantanément, ils l’ont probablement fait après.

En rappel, depuis l’éclatement de l’affaire Bodjona, du nom de l’ex-homme à tout faire de Faure Gnassingbé détenu à la Gendarmerie nationale, le fils d’Eyadéma peine à rassembler du monde dans la Kozah. A maintes reprises, craignant une faible mobilisation des populations de Kara profondément divisées par les affaires Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona, des appels à des manifestations de soutien à Faure Gnassingbé annoncés par ses affidés ont été annulés, parfois reportés, voire renvoyés à la Saint Glinglin.

Magnanus FREEMAN      www.liberte-togo.com

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