François Hollande envoie deux experts français à Lomé pour déterminer les causes réelles des incendies. Faure Gnassingbé sera démasqué.

by mtn on January 24, 2013

Une démarche qui désavoue Faure Gnassingbé et délégitime les arrestations. François Hollande et la France jouent leur crédibilité. Les incendies des deux grands marchés du Togo sont réels, et leurs traces sont encore visibles. Mais quelle en est la cause : court-circuit, incendie accidentel, incendie criminel ? Cette énigme, personne n’est arrivé à la résoudre. La recherche de ces causes n’a donné lieu qu’à des conjectures. Même le gouvernement a été emballé, et sans aucune base objective, a retenu l’option criminelle et agit même en conséquence. Mais on devrait connaitre sous peu les véritables causes de ces incendies, fondées sur une démarche scientifique. Et ce sera grâce aux deux experts français en feu mis à disposition du Togo par la France.

Les experts à l’œuvre

Ils sont arrivés dans notre pays vendredi : Hervé Bazin, ingénieur, chef de la section ingénierie du feu au pôle des mesures physiques et sciences de l’incendie du Laboratoire central de la Préfecture de Police, expert près la cour d’appel de Paris, accompagné d’un responsable de la cellule investigations de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Selon un communiqué de l’Ambassade de France au Togo, cette mission fait suite à une requête d’assistance adressée par Faure Gnassingbé à son homologue français. Ces deux experts en police scientifique, « spécialisés en recherche des causes d’incendie », chercheront, «à partir de l’étude des lieux sinistrés, à comprendre les causes de ces drames ». « Ils travailleront en synergie avec les autorités togolaises afin d’analyser et de prélever des éléments permettant d’établir le point de départ des incendies, d’en expliquer la ou les causes et d’en comprendre la propagation ». Et sans perdre de temps, ils ont effectué leur première sortie sur le terrain le samedi dernier. Leur mission est prévue pour une semaine, du 19 au 26 janvier.

Une démarche fort utile

Cette démarche mérite d’être saluée à sa juste valeur, lorsqu’on sait de quelle utilité les résultats de ces recherches seront pour la manifestation de la vérité. L’opinion saura si les incendies ont été causés par des courts-circuits, des maladresses quelconques ou s’ils sont bien intentionnels. Certains connaisseurs du domaine des hydrocarbures dont un sapeur pompier ghanéen ont laissé entendre, au vu de l’intensité et de la vitesse à laquelle le feu s’est propagé, que les pyromanes doivent avoir utilisé du kérosène. Les recherches des deux experts français auront le mérite d’éclairer l’opinion, et seront fort utiles pour la progression des enquêtes et l’identification des auteurs et leurs commanditaires. C’est en cela que cette démarche pour laquelle a opté Faure Gnassingbé, sous réserve de calculs secrets et de l’usage qui sera fait des résultats, mérite d’être saluée.

…mais Faure Gnassingbé se désavoue

C’est la piste criminelle qui a été tout de suite retenue par le Gouvernement à la suite de l’incendie de Lomé. A peine le feu a-t-il fini de consumer le bâtiment qu’on a commencé à appréhender les commanditaires (sic). Le premier à tomber dans la nasse a été le Premier Vice-président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts) et membre actif du Collectif « Sauvons le Togo », Gérard Adja, arrêté au lendemain de l’incendie de Lomé. Il sera suivi 72 heures plus tard par son président Agbéyomé Kodjo. Ici les choses sont allées comme sur des chapeaux de roues. Les députés ont été promptement appelés en session extraordinaire et ils ont procédé à la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président de l’Assemblée nationale. On dirait que tout le plan était ficelé à l’avance et un chronogramme bien précis élaboré. Entre-temps c’est la présidente de la session Nukafu de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), Mme Suzanne Nukafu et d’autres militants anonymes du Cst qui ont été appréhendés.

Dans les conditions normales, l’option de la piste devrait reposer sur des bases objectives. Celle criminelle particulièrement retenue par le pouvoir devrait se fonder sur des recherches scientifiques bien fouillées, comme celles entreprises actuellement par les deux experts français dépêchés par François Hollande. Mais dans le cas de ces incendies, les conclusions ont été tirées et on a agi en conséquence avant même que les prémisses ne soient posées. Et dans ce cas, c’est Faure Gnassingbé lui-même – c’est lui qui aurait personnellement sollicité l’assistance de la France auprès de Hollande – qui se désavoue finalement.

Nécessité de ratisser large

Ce serait un miracle que les deux experts ne concluent pas à l’option criminelle. Mais c’est l’usage qui sera fait du rapport, ou plutôt l’orientation à lui donner qui devrait inquiéter. Les auteurs de ces incendies n’ont été trouvés que du côté de l’opposition, et particulièrement des leaders du Cst. Et pourtant plein de faits suspects sous-jacents à ces incendies poussent à orienter les enquêtes ailleurs. C’est ici qu’il est fort intéressant de rappeler les douze (12) questionnements pertinents du Cst lors de la conférence de presse de jeudi dernier.

« 1- Où étaient les agents chargés de la protection du bâtiment quand, aux alentours de 21 heures, des jeunes portefaix sentant une odeur d’une fumée provenir du bâtiment sont allés au poste de gendarmerie du grand marché et n’ont trouvé qu’un seul agent en place ? 2- Pourquoi ce n’est que bien après 1 heure du matin que les pompiers et les forces de l’ordre se sont-ils rendus au grand marché alors que les propriétaires des magasins, alertés, avaient déjà rallié les lieux à partir de 23 heures ? 3- Pourquoi l’incendie a-t-il commencé au rez-de-chaussée puis s’est subitement propagé au 2ème étage de l’immeuble avant de toucher le 1er étage et en plusieurs foyers ? 4- Pourquoi, alors que le feu ne s’était pas encore propagé dans tout le bâtiment et était visible par endroits, aucune initiative n’a été prise par les sapeurs pompiers et les forces de sécurité pour accéder au bâtiment et circonscrire les foyers d’incendies ? 5- Comment de simples individus auraient pu avoir accès au bâtiment fermé à clefs à 18h et gardé par des agents de sécurité de l’EPAM et des forces de l’ordre ?

6- Pourquoi nos frontières sont-elles restées fermées aux pompiers ghanéens mieux équipés, durant plus de 3 heures, pour des raisons de formalités d’entrée de leurs véhicules à Lomé alors même que ce sont les autorités togolaises qui les ont sollicités pour une urgence ?

7- Pourquoi les engins de la brigade motorisée ont-ils été tous dégagés de la rue adjacente au bâtiment incendié qui leur servait de parking ? 8- Qui a des intérêts dans la filiale togolaise de Nestlé et pourquoi a-t-elle fait évacuer toutes ses marchandises du bâtiment principal quelques heures avant le déclenchement de l’incendie ? 9- Comment comprendre les déclarations rassurantes de la Directrice de l’EPAM, sur la télévision togolaise 1ère chaîne (TVT), la nuit même du drame, tendant à faire croire qu’après l’incendie du marché de Kara, toutes les dispositions sont prises pour qu’un tel drame ne survienne pas au marché de Lomé?

10- Pourquoi aucun ministre ni aucun responsable de la sécurisation du bâtiment n’a été officiellement auditionné pour les besoins de l’enquête ? 11- Si l’on en croit les dires d’un sapeur pompier ghanéen, ce serait une importante quantité de kérosène qui aurait provoqué et alimenté cet incendie. Qui au Togo a accès au kérosène, un carburant hautement inflammable que des enquêtes ont révélé comme ayant été utilisé en 2005, lors de l’incendie criminel qui a ravagé l’Institut Goethe de Lomé ? 12- Pourquoi aucune information officielle n’est portée à la connaissance de l’opinion nationale et internationale sur l’arrestation d’un sergent de l’armée togolaise qui a tenté curieusement de mettre le feu à la station d’essence MRS sise en face de la cantine de l’Aéroport de Lomé ? ». Voilà les inquiétudes qui triturent les méninges de ses responsables, sur la base des faits et des témoignages troublants.

Les experts français auront-ils toute la liberté de travailler ? Les pressions ne vont-elles pas les pousser à concéder l’option précocement prise par le gouvernement et conclure à un incendie criminel, et ainsi encourager le harcèlement contre les responsables du Cst ? Autant de questions qui méritent d’être posées. Il faut avouer que quelque part, c’est la France qui joue sa crédibilité (sic) aux yeux de l’opinion togolaise à travers ces deux experts.

Tino Kossi www.liberte-togo.com

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